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La suite de la monumentale édition des concerts de Sviatoslav Richter

À côté des gravures « officielles » et bien documentées de Richter très connues des discophiles, il existe quantité de bandes de concert captées dans les années cinquante et soixante dans feu l'U.R.S.S., de qualité variable mais qui enrichissent notre connaissance de l'art de ce géant du piano. L'édition Profil nous les restitue dans un certain désordre.

Décidément en effet, Profil n'en finit pas d'explorer les archives des concerts, essentiellement russes, de dans les années cinquante et soixante ; après Beethoven, Schubert, Schumann et Brahms ensemble, c'est au tour de Liszt et Chopin de se voir réunis dans un nouvel ensemble de douze disques, répartis à parts presque égales entre les deux compositeurs. On retrouve les traits déjà soulignés dans les coffrets précédents de la même série : une qualité sonore très inégale et souvent médiocre (parfois même variable curieusement entre des prises provenant d'un même concert, comme les Liszt du 26 février 1948 à Moscou, associant des Funérailles difficilement audibles et des valses oubliées plus acceptables), des sélections effectuées par Richter dans les grands cycles des compositeurs (Études d'exécution transcendante ou Années de pèlerinage de Liszt, études ou préludes de Chopin notamment), et des lacunes criantes comme la Sonate de Liszt en premier lieu.

L'interprétation est parfois transcendante (la première ballade de Chopin), parfois fracassante (le « Concerto pathétique » de Liszt), quelques fois fautive, et Chopin sonne souvent comme Liszt… Quant aux bonus, ils permettent de retrouver (outre des doublons) la célèbre gravure de studio des concertos de Liszt à Londres sous la baguette incendiaire de Kondrachine (d'origine Philips), ainsi que des Szymanovski torrentiels (Sonate n°2) ou mystérieux (trois fascinantes Mazurkas).

À défaut de trouver ici ces géniales idiosyncrasies qui rendent les Schubert de Richter proprement uniques, on entend un immense interprète, inspiré et au sommet de sa maîtrise technique, qui ne triche jamais avec l'instant, capable de prendre tous les risques, accompagné par des chefs qui se hissent à son niveau (Ančerl, Ferencsik, Kondrachine, excusez du peu) ainsi que par le méconnu Anton Ginsburg (orthographié Ginzburg dans le livret). Un coffret superbe, qui contient de nombreux inédits en CD, mais qui demeure en deçà du sommet schubertien de la même série.

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