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Ars Nova change de cap avec Jean-Michaël Lavoie

Nouveau chef, nouveau cap pour l' qui donnait durant deux soirées un concert dans l'espace luxueux du Centre culturel canadien, partenaire de l'ensemble pour la saison 2018-2019. L'affiche autant que la conception du concert dues à , chef d'orchestre canadien et nouveau directeur artistique d'Ars Nova, affirment une volonté radicale de changement.

Le concert débute dans le hall où s'est installé le compositeur québécois , devant un appareillage électrique dont il va jouer en direct, avec la bande-son diffusée par les haut-parleurs. Suspended time (2014) nous plonge dans « l'univers du rail », celui de Montréal, capté in situ : la pièce est âpre et sombre, avec ses stridences métalliques et ses entre-chocs presque violents, réitérant un geste sans concession.

L'espace reste ouvert mais on a changé de lieu pour Confidence, œuvre pour violon amplifié (Catherine Jacquet d'Ars Nova) du même . Sous l'archet lent de l'interprète, le son bruité autant que minimal donne à entendre ses aspérités, sa fragilité et ses fluctuations, dans une expérience d'écoute très intimiste, avec cette part d'aléatoire qu'induit la partition graphique du compositeur.
L'auditoire est à présent confortablement assis dans l'auditorium du Centre culturel (une jauge d'une centaine de places) pour la création de Niente de , québécois lui aussi. Très conceptuelle, la musique est en phase avec un très beau travail, qu'il réalise lui-même, sur l'image et la lumière. Surtout lorsque les quatre musiciens (deux solistes d'Ars Nova et deux étudiants de la Faculté de musique de l'Université de Montréal), partis du fond de la salle, prennent place sur le devant de la scène où interagissent images sonores et visuelles.

L'esprit arte povera demeure dans Rituel de , une pièce pour « canette sifflante » qui termine le concert. C'est un objet sonore qu'il a construit lui-même et dont il joue, debout, sur un siège au centre de la salle : l'expérience acoustique est vécue par l'interprète comme par l'auditeur, sensible à toutes les manifestations « chantantes » de cette boite ailée. Le performer l'a fait tourner au-dessus de nos têtes et varie ses fréquences selon la vitesse et l'ampleur de son geste, qui véhicule sa part de mystère et de sacré.

Le concert itinérant et fort bien articulé était aussi l'occasion de parcourir la très belle exposition de sculptures-installations visible en ce moment au Centre culturel canadien.

Crédits photographiques : Jean-Michael Lavoie © Nicolas Joubard

 

 

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