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Les horizons du sonore avec Jean-Luc Hervé et Anne Cauquelin

Livre d'entretiens ou méditation à deux têtes, le compositeur Jean-Luc Hervé et la philosophe Anne Cauquelin, Les jardins de l'écoute questionne l'interaction musique/nature sous ses rapports multiples, au vu des projets sonores in situ de Jean-Luc Hervé.

Le blanc des mots sur la toile gris-clair de la couverture, la calligraphie des titres jouant sur le recto-verso des pages du livre et l'étonnante acuité visuelle des photos qui en rythment l'écriture font de cette publication, avec sa carte-son en sus, un objet rare (un objet d'art) qu'on ne feuillette pas sans précaution.

Ce sont les figures du temps, diverses, contrastées, polychrones lorsqu'il s'agit de la nature et des jardins (temps de l'éphémère, grains de temps…), qui animent la réflexion de nos deux interlocuteurs dans une première partie. Avant que Jean-Luc Hervé n'expose sa conception des jardins sonores, « concerts-installations » nés de son imaginaire et sa sensibilité, où les sons électroniques, dont il a soin de dissimuler les sources, interagissent avec ceux de l'environnement. C'est la condition d'une écoute active et musicale que notre compositeur appelle de ses vœux.

L'alternative clos/ouvert, dedans/dehors (Les horizons du sonore) ravive les échanges avec la philosophe Anne Cauquelin. De l'enceinte de l'abbaye au jardin du cloître (Noirlac), de la salle de concert de l' au parvis de la place Stravinsky (Germination), Jean-Luc Hervé entend stimuler l'écoute de l'auditeur et aiguiser sa façon d'appréhender visuellement les choses qui l'entoure : « La musique révèle le lieu qui l'accueille » souligne-t-il. L'informatique musicale est programmée de manière à ce qu'elle cesse toute fonction dès que les visiteurs sont trop bruyants (« Jardin craintif »). Dans le « carré magique » du jardin-potager de l'Abbaye de Royaumont, là où la végétation est la plus dense, la nature vibre et chante via le système sonore génératif imaginé par le compositeur et les techniciens de l' qui ont enfoui quelques trente petits haut-parleurs dans la terre : une manière d'écouter les sons pour ce qu'ils sont, sans en chercher la cause, l'enjeu n'étant pas d'aller vers l'inouï mais de mettre l'oreille à l'affût et de faire entendre le monde autrement.

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