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Les grands ballets du Bolchoï, un best of pour Noël

Le deuxième opus du coffret DVD des Grands ballets du Bolchoï rassemble La Bayadère, Marco Spada, Le Lac des cygnes et L'Age d'or, interprétés par des distributions de rêve. De quoi séduire les amoureux de danse classique et donner une coloration russe aux fêtes de fin d'année !

Zakharova, Lantratov, Alexandrovna, Hallberg, Smirnova, Rodkin, Chudin, Kaptsova, la concentration de danseurs d'exception donne le tournis dans ces captations, toutes réalisées au Théâtre du Bolchoï, entre 2013 et 2016. Le Lac des cygnes avec , déjà chroniqué ici, est un morceau d'anthologie, tout comme Marco Spada de .

Contrairement à l'Opéra de Paris, qui reprend les grands classiques du répertoire dans les versions de Rudolph Noureev, le Bolchoï reste dans l'épure de . Cette version de La Bayadère (musique de Minkus), captée en 2013, est donc celle de Petipa (1877), réadaptée par Youri Grigorovitch, directeur du Bolshoï pendant 31 ans. Les rôles de Nikiya, Solor et Gamzatti sont interprétés par un trio de choix : , et Maria Alexandrovna. Le premier acte, où se noue le drame, est admirablement joué. A la grâce presque surnaturelle de Zakharova s'oppose le caractère plus terrien de Maria Alexandrovna. L'affrontement physique des deux femmes révèle leur force de caractère, la tendre Nikiya sachant sortir ses griffes pour défendre son amour. Lantratov allie l'élégance naturelle du prince à l'expressivité d'un danseur de demi-caractère. Sa technique est à la fois vive et précise, son partenariat avec Zakharova efficace. Mais, oublieux de son serment à la Bayadère, il accepte le mariage avec Gamzatti. La danse de Nikiya dans le deuxième acte où est célébré le mariage de Gamzatti et Solor, est déchirante. Les bras, interminables, de la danseuse se tordent avec une souplesse hors norme, exprimant son désespoir de voir l'homme qu'elle aime en épouser une autre. L'acte blanc témoigne de tout le savoir-faire du corps de ballet du Bolchoï, d'une précision sans faille. Le rêve, qui a permis de réunir Solor et Nikiya, s'achève et Solor s'effondre, épuisé et désespéré de voir Nikiya s'évanouir définitivement.

Cette production, riche en couleurs et décors grandioses, renoue avec le faste et l'exotisme de la version d'origine. Les variations du corps de ballet sont toutes de grande qualité, sur les musiques de Minkus, aux allures de tube.

Sur une partition de Chostakovitch composée en 1928, le ballet L'Age d'or renvoie à un âge d'or fantasmé du soviétisme dans les années 1920. La version de , chorégraphiée en 1982, intègre les ingrédients qui ont fait le succès du chorégraphe – rôles masculins puissants, duos lyriques et grands ensembles. Elle comporte néanmoins un aspect caricatural et grandiloquent, qui rend ce ballet difficilement appréciable à des Européens étrangers à l'ère soviétique. Les rôles principaux, créés par Irek Muhamedov et Natalia Bessmertova, sont ici interprétés par Ruslan Skvortsov et . Le personnage de Boris, meneur d'ouvrier, est un rôle en force et puissance, dont on regrettera le manque de nuance. est charmante, mais son personnage reste peu fouillé et son interprétation sans grand relief. , en revanche, s'en donne à cœur joie et sa personnalité explosive ne laisse pas indifférent. Néanmoins, peu lisible, voire poussive, l'intrigue ne convainc guère. Les décors, qui évoquent le constructivisme russe et l'éloge du prolétariat ouvrier, ont un parfum suranné. Seul le Bolchoï peut encore danser aujourd'hui un ballet aussi marqué idéologiquement.

Ce coffret est à la fois un hommage au travail de pour le Bolchoï, et au talent de la génération de danseurs exceptionnels qui y dansent actuellement.

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