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Envoûtant tourbillon spectral de Gérard Grisey à Fabien Lévy

et le donnent une excellente interprétation du Vortex Temporum de , aux effets et aux timbres subtils, souvent onirique. Au-delà de l'influence de son maître, arpente d'autres pistes, jouant sur des rythmes complexes, des ruptures, des étirements, non sans quelques touches ironiques.

Vingt ans après la disparition de , a souhaité lui rendre hommage par cet enregistrement de son Vortex Temporum, devenu un classique, dans le courant de la musique spectrale née dans les années soixante-dix, qui utilise des techniques microtonales d'orchestration pour une perception fusionnée, travaillant sur le timbre, et des processus continus de transformation du matériau. préférait le terme « musique liminale », pour évoquer sa pensée du temps musical.

fait partie de ses élèves qui se sont fait un nom en tant que compositeurs, mais ses propres recherches l'orientent vers d'autres pistes. Dès le début de Querwüchsig, on devine une approche plus ludique, des influences d'autres cultures (avec des techniques de cross rhythm et de hoquet influencées par les musiques pygmées). De petites cellules se promènent d'une voix à l'autre, avec des effets rythmiques percutants, une danse qui perdrait constamment l'équilibre et le retrouverait aussitôt. Des étirements de sons graves puis d'autres suraigus, enrichis progressivement de ponctuations percussives. Dirigés par , le maîtrise avec beaucoup de subtilité ces délicates combinaisons de timbres et de rythmes.

On retrouve ces effets hachés dans le Petit traité d'amour et de géométrie, puis des moments de rupture plus méditatifs. Un beau travail sur le souffle et sur des structures mélodiques décomposées et répétées, comme une douce obsession, crée une ambiance onirique. Parfois une petite ironie, un peu d'étrangeté…

Le et son pianiste illuminent Vortex Temporum. Le début évoque quelques mesures de L'oiseau de feu de Stravinsky, qui tournent et s'enroulent à la flûte, à la clarinette et au piano, tandis que les cordes conduisent ailleurs. Effets de souffle, cellules répétées, ponctuations, créent un subtil univers. Le pianiste, excellent, conclut Vortex I par un long solo. Le II développe une marche qui résonne de façon troublante du fait de notes du piano « désaccordées » et de longs soupirs plaintifs des autres instruments, surtout dans les graves, puis uniquement avec le souffle, sans timbre. Reprenant la cellule initiale de Vortex I, le III se dissout très vite dans d'autres développements répétitifs. Avec des étirements, parfois grinçants, les interprètes maintiennent une tension, une attente, qu'ils ralentissent jusqu'au silence.

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