Dans la redécouverte musicologique et la diffusion du patrimoine musical du Moyen-Age, La Capella de Ministrers est une référence. Avec le sujet légendaire qu'est celui du Graal, ce 57e disque d'un catalogue foisonnant se révèle une quête personnelle menée autant par chaque musicien que par l'auditeur qui fait partie du voyage.
Pour ce disque autour du mythe du Graal, le directeur de l'Ensemble de Valence, Carles Magraner, a construit un parcours autant littéraire que musical. Les dix-neuf titres s'articulent de ce fait en cinq blocs selon les sources « El cuento del Grial » de Chrétien de Troyes (c. 1150-c. 1183), « El Rey Arturo y la gran historia del Grial » de Robert de Boron (c. 1190-1210), « De Perceval a Parzival » de Wolfram von Eschenbach (1170-1220), « El significado del Grial » d'Hélinand de Froidmont (c. 1160-1230) et « Virtut apurar no'm fretura sola » de La Corona de Aragón (c. 1123-1458).
En première lecture, la mise en musique de cette légende qui fait encore aujourd'hui parler, nous entraîne dans un univers chevaleresque de croisades (Chanterai por mon coraige, Guiot de Dijon) où morale et honneur font foi (Karitas habundat, Hildegard von Bingen) ; un univers spirituel (Ung lanceman a tout, Montecassino) et mystérieux (Meie, din liechter schin, Neidhart von Reuental) révélé par une vertu religieuse constante (Los set gotxs recomptarem, Llibre Vermell).
Mais à quoi ressemble le Graal pour le trouver ? Un calice donné par Pilate à Joseph d'Arimathie contenant les dernières gouttes de sang du Christ crucifié ? Un sépulcre en Terre Sainte qui anima les Croisades ? Une pierre magique recherchée ardemment par Parzival ? Un objet précieux en forme de plat ? Pour Carles Magraner, « ce n'est pas une réalité matérielle, mais plutôt une réalité intérieure. » En nous probablement ? Quoi de mieux que la musique alors pour le trouver !