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Deux jeunes chorégraphes européennes à Beaubourg

Sélectionnées pour tourner en Europe par le réseau Aerowaves, deux jeunes chorégraphes européennes, et , font escale dans le cadre de l'éclectique et pointue programmation spectacles vivants du Centre Georges Pompidou. Deux fortes personnalités pour deux soli percutants et rafraichissants.

La première. , est grecque, ancienne élève du d'Angers. Elle propose BSTRD, un solo radical, car brutal. Sur un praticable de la taille d'un ring de boxe, elle danse 45 minutes durant sur des beats intenses. Silhouette androgyne vêtue de courts tee-shirts blanc, on ne voit d'elle au départ qu'un corps sans visage, celui-ci étant mangé par ses cheveux. Au fur et à mesure de la pièce, sa féminité réapparaîtra, cheveux attachés, rouge sur les lèvres.

La danse, ici, est purement performative et jubilatoire, dans l'infinie variation des mouvements que permet cette danse instinctive inspirée des clubs, suivant des combinaisons apparemment complexes. Mais derrière la performance physique, que restera-t-il du concept quand on a enlevé l'épuisement de la danse ? Une question que devra creuser dans les années à venir, quand elle sera sortie du ring et de la magnésie, cette poudre blanche utilisée par les gymnastes pour absorber la transpiration.

Autres sports, autre personnalité. L'Irlandaise est une boule de muscles dans un corps de footballeuse. Pendant que les équipes techniques démontent le praticable sur le plateau de la grande scène, le public est invité à rejoindre le parking souterrain du Centre Pompidou pour une performance très urbaine. Du coffre d'une voiture déglinguée à la vitre arrière cassée sort la danseuse en parka bleu. Quelques tours de pistes devant le public ravi (on n'était pas redescendu dans ce parking depuis la caravane de dans Une vie inutile en 2000), et les spectateurs sont invités à faire le chemin en sens inverse vers la salle.

Dans Hope Hunt And the Ascension Into Lazarus, se livre à un solo décousu, mais authentique, entre street dance et travail sur le langage, qui décline les différents visages de la virilité, pour mieux dénoncer les stéréotypes masculins. La boule de muscles devient boule de nerfs, dégainant les uppercuts ou les coups de pieds dans l'air avec fluidité, se moquant par exemple des afféteries des footballeurs quand ils sont blessés. On pourra bientôt voir au Théâtre de la Bastille un prolongement du travail de la chorégraphe avec Hard to be soft – A Belfast Prayer.

Crédits photographiques : © Patrick Berger – Simon Graham

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