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Un Brahms ardent par Geoffroy Couteau et le Quatuor Hermès

Pour ce premier opus d'une intégrale consacrée à la musique de chambre de , le pianiste et le proposent une lecture incandescente du Quintette pour piano et cordes opus 34, associée à une vision plus méditative des Klavierstücke opus 76.

Après une intégrale remarquée de l'œuvre pour piano solo de , publiée par le même label en 2016, réaffirme sa passion pour ce compositeur avec un projet d'intégrale de la musique de chambre prévue en huit volumes, échelonnés entre 2018 et 2020. Le premier jalon de ce périlleux périple associe deux œuvres emblématiques du compositeur allemand qui marquent l'accession définitive à la maturité, en même temps que l'émergence d'un style, proprement brahmsien, par ce mélange de violence passionnée et de douceur méditative.

Le Quintette op. 34, une œuvre maintes fois ébauchée puis retouchée qui trouve son origine dans un quintette à cordes initial, d'inspiration schubertienne, puis transformée en sonate pour deux pianos, pour finalement aboutir à ce quintette pour cordes et piano, utilise un instrumentarium cher à son maître Schumann. Ainsi magnifiée, l'œuvre est approuvée en juillet 1865 à Baden-Baden, entraînant dans le même temps l'enthousiasme de la princesse Anne de Hesse, dédicataire de l'œuvre, qui offrira à Brahms, collectionneur impénitent, l'autographe de la Symphonie n° 40 en sol mineur de Mozart ! et les Hermès nous en livre une interprétation tourmentée, fiévreuse et ardente avec un premier mouvement Allegro très contrasté, riche en couleurs, où le piano orchestral semble parfois mettre à mal l'équilibre global dans une vision « plus concertante que symphonique », suivant un phrasé tendu, enflammé par instant, ailleurs plus serein, tourmenté comme un ciel de traîne. L'Andante, tout en ondulation est porté par le legato superbe des cordes apportant un moment de paix, avant le Scherzo tout imprégné d'urgence, héroïque, tellurique, inquiétant, beethovénien, précédant un Final tout en nuances et ruptures rythmiques, grandiose et théâtral.

Les Klavierstücke op 76 sont là encore pour nous rappeler que les affinités entre le pianiste et le compositeur ne datent pas d'hier puisque Geoffroy Couteau remporta le premier prix au Concours en 2005 et qu'il consacra son premier enregistrement aux opus tardifs 116, 118 et 119 du même compositeur pour le label Intrada en 2008. Entrelaçant quatre Capriccios et quatre Intermezzos, l'opus 76, composé en 1878, constitue un véritable cycle, d'inspiration schumannienne, caractérisé par sa complexité rythmique et polyphonique, sa liberté de forme et sa modernité. Loin des grandes et amples pièces contemporaines comme le Concerto pour violon, c'est un Brahms plus contemplatif qui demande au piano solo, à travers ces courtes pièces, d'exprimer tout un jeu de couleurs sur le ton de la confidence, alternant force et douceur, puissance et grâce, danse et méditation, intériorité et expressivité. Geffroy Couteau rend parfaitement compte de ces différents climats en déployant un jeu clair, élégant, convaincant de tout en bout.

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