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Lisiecki et Bezuidenhout en quête d’un Mendelssohn authentique

Comment le pianiste et le pianofortiste abordent-ils, dans ces deux parutions, le Concerto pour piano n° 2, une œuvre dans laquelle classicisme et romantisme se rejoignent ?

a choisi le piano moderne et, à la suite de ses précédents enregistrements avec orchestre (Mozart, Chopin et Schumann), nous offre une lecture puissamment charpentée, à défaut d'être audacieuse sur le plan de la recherche des nuances. L'instrument soliste occupe tout le devant de la scène. L' accompagne (seulement) : voilà une prestation passablement “raide”, avec des violons aux couleur assez ternes et qui projettent difficilement leur sonorité. En effet, il faut attendre les grandes dynamiques, l'apparition des basses et des vents pour que le geste romantique s'impose. L'orchestre demeure assez pataud notamment dans le finale. Ces défauts sont plus marqués encore dans le Concerto pour piano n° 1. L'orchestre y paraît “anecdotique” et la virtuosité passablement creuse. Que tout cela est bien “propre” ! On garde en mémoire les prestations de Martin Stadtfeld (Sony Classical), Martin Helmchen (PentaTone), Lang Lang (DG) et Louis Lortie (Atma). Les pièces pour piano seul sont jouées de manière assez distanciée, froidement pour tout dire et sans beaucoup de saveur, des Variations sérieuses (assurément !) à la Barcarolle vénitienne extraite des Chants sans paroles.

Sous les doigts de , l'admirable piano Erard de 1837 appartenant à la collection d'Edwin Beunk nous propose une tout autre conception. L'orchestre est presque trop imposant face à la dynamique contenue du clavier. Cela vit et vibre en tous sens et le spectacle est au rendez-vous comme dans le précédent enregistrement Mendelssohn du pianiste (Double Concerto en ré mineur et Concerto pour piano et cordes en la mineur sous la direction de Von der Goltz). Ce n'est pas à Mozart ou Chopin auxquels nous songeons, mais à Weber. Le tonus de cette lecture à la fois dramatique et subtile place l'auditeur en éveil permanent. Curieuse sensation à vrai dire : à chaque phrase, il se produit un événement ! Sans nous faire oublier les grandes références passées, de Rudolf Serkin à Murray Perahia, suscite un bel intérêt.
Composée par un adolescent de quinze ans, la Symphonie n° 1 de Mendelssohn est d'une belle énergie, mais son interprétation laisse entrevoir les limites de la formation, peu encline au vibrato et aux nuances intermédiaires. Si tout cela sonne dans l'esprit mozartien et annonce le Songe d'une nuit d'été, ce qui est fort juste, on se lasse du systématisme des timbres et accents comme dans le Menuetto. Pour l'Ouverture du Conte de la Belle Mélusine, on préfèrera certainement, chez Bis, la souplesse et la rondeur des timbres de l'Orchestre de chambre Suédois sous la baguette de Thomas Dausgaard.

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