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Girandole Armoniche, l’art du violon au XVIIe siècle

Est-ce parce que le XXIe siècle semble convoquer le repliement sur soi que les musiciens d'aujourd'hui tentent d'apporter la preuve que le monde s'est construit grâce au mélange des différentes cultures, notamment musicales ? En effet, de plus en plus d'enregistrements mettent en lumière les voyages des compositeurs en Europe, au XVIIe et XVIIIe siècles.

Les voyages forment la jeunesse éternelle de la musique. Et la musique nous montre, dans son architecture savante, que la fraternité n'est pas un problème à élucider mais au contraire une réalité à redécouvrir. Les compositeurs ont besoin du voyage pour nourrir leur propre singularité. Le cadre de la musique écrite reste cette langue commune à tous, pareille à un immense cœur qui bat, partout sur la terre.

Ce début du XVIIe siècle marque en Europe l'avènement du violon. Un violon que l'on sent déjà extrêmement virtuose dans l'âme sans pour autant avoir franchi encore l'époque du « défi violonistique » où l'instrument ne connait plus aucune limite technique, autant sur le plan de la main gauche que de l'archet. Ici, la virtuosité est encore nimbée d'une texture trop intérieure pour laisser au violon la place assumée de prima donna. Mais tout bouillonne comme quelque chose qui est prêt à exploser. N'oublions pas non plus que nous sommes à l'époque de Stradivarius et que le violon vient de trouver sa forme définitive. Nous entendons ici déjà des extravagances incroyables, pour le moins inhabituelles à l'époque, où le violon montre toute l'étendue de sa palette d'expressions sonores et stylistiques. Un potentiel que les compositeurs n'auront de cesse de développer jusqu'au XXIe siècle.

Esther Crazzolara conduit librement son violon dans un parcours accompagné par la viole de gambe, où se croisent inspirations bohémiennes et italiennes, rêveries cantabile entrecoupées de moments d'orage où fusent les diminutions exaltés, pleines d'une énergie jouant sur les contrastes. Un très beau trio où Esther Crazzolara, à la viole de gambe et Federica Bianchi au clavecin, parviennent à créer tout un monde sonore où s'entremêlent les destins des routes d'Europe.

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