- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Witold Małcużyński en concert à Cracovie

La Radio polonaise nous restitue le récital que donna à Cracovie en 1959. Est-ce que ce concert est vraiment légendaire comme l'annonce le titre figurant sur la couverture du disque ?

, l'un des meilleurs pianistes polonais du XXe siècle, fit cette apparition publique pour honorer le retour de précieux souvenirs au Wawel, qui avaient été transportés au Canada suite à l'invasion des Allemands en 1939. Parmi ces trésors nationaux, on compte, entre autres, l'épée de couronnement des rois de Pologne et la Bible de Gutenberg. L'évènement a été transmis par la radio et la télévision en Pologne, mais également à l'étranger. La liste des invités comprenait un grand nombre de dignitaires et d'hommes de culture, comme ou Étienne Burin des Roziers, l'ambassadeur de France à cette époque-là.

Pour ce qui est des interprétations proposées par , nous avons affaire à un certain idéal d'exécution : le Chopin qui parvient à nos oreilles est d'une expressivité très intense, de même que délicieusement poétique et d'une délicatesse extraordinaire. Une contradiction ? Chez Chopin, tout est possible, surtout que ses compositions reflètent, paraît-il, la totalité des états d'âme du cœur humain. Les tempos choisis par l'artiste ont l'air d'être entièrement naturels et ne détournent donc pas notre concentration de l'essentiel de ces messages pianistiques, soit des histoires qu'il nous raconte, et par l'intermédiaire desquelles il touche, tellement ce Chopin semble fusionné avec les tragédies qui ont frappé la Pologne.

En conséquence, Małcużyński nous rend un Chopin tantôt flamboyant et dramatique (la Sonate en si bémol mineur), par moments même chauffé à blanc (le Scherzo en si bémol mineur et la Polonaise en la bémol majeur), tantôt nostalgique (la Ballade en fa majeur), un peu méditatif en plus (quelques-unes des Mazurkas), toujours sincère et dûment rythmé (la Valse op. 18 et les Mazurkas), d'une sonorité dense et volumineuse, et parsemé d'un large éventail de nuances, aussi sombres et profondes que scintillantes. Des menues erreurs digitales et une poignée de toussotements audibles en fond ne perturbent pas l'écoute ; bien au contraire, elles rendent ce document sonore pleinement authentique.

Il est, en revanche, dommage que ce récital tout à fait légendaire ne nous soit pas restitué dans son intégralité. En effet, deux bis ont été exclus de ce disque en raison de la longueur totale du concert dépassant les standards techniques : le Nocturne en fa dièse majeur op. 15 n° 2 et la Valse en ut dièse mineur op. 64 n° 2.

(Visited 573 times, 1 visits today)