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Le Quatuor Belcea à la recherche d’une nouvelle voie d’expression

Le signe un disque Janáček et Ligeti, tout en essayant de trouver sa propre façon de présenter les œuvres de ces deux compositeurs.

Pour le concert de gala des ICMA qui s'est tenu à Katowice en avril de l'an dernier, soit quelques semaines avant que les premières sessions d'enregistrement de cet album n'aient eu lieu, l'ensemble a exécuté le même Quatuor à cordes n° 1 « La Sonate à Kreutzer » de Janáček, en nous laissant sur notre faim. À ce moment-là, nous écrivions au sujet de leur prestation qu'elle était empreinte de poésie et d'effets de couleurs créatifs, mais qu'elle faisait quelque peu obstacle au naturel des phrasés. La présente parution nous démontre que la grande salle de Katowice n'est pas adaptée pour des formations aussi modestes qu'un groupe de quatre musiciens. Gravée par un appareil de prise de son de plus près, la lecture des deux quatuors de nous permet de redécouvrir ces partitions du point de vue de l'expression. Or, le essaie de se servir dans ces compositions d'une nouvelle grammaire et d'un nouveau langage, en tissant le fil narratif à partir d'éléments opposés, comme notamment la mise en valeur des contrastes de teintes et de dynamique.

Il en résulte qu'une cantilène délicate et sereine se voit parfois suivie d'une attaque abrupte, violente et d'un timbre métallique. On dirait que ces deux pages sont, pour cette interprétation, quasiment toutes baignées d'une tonalité sèche, voire par instants brutale, âpre et tranchante. Celle-ci est également profonde, avec de temps à autre, semble-t-il, la plus grande force possible exercée par les mains et l'archet sur les cordes. Ceci ne veut pas dire, en revanche, que cette exécution est dépourvue de douceur. Bien au contraire, il y en a, mais ce n'est qu'un élément d'une mosaïque cohérente, convaincante et suggestive, bien qu'à première vue parcellaire, et surtout, paradoxalement, économe par les moyens mis en œuvre qui, avec un vibrato modéré, confèrent à cette prestation un cachet d'austérité.

En ce qui concerne l'interprétation du Quatuor à cordes n° 1 « Métamorphoses nocturnes » de , le emprunte la même esthétique que pour la lecture des deux partitions de Janáček, cette fois-ci en veillant particulièrement à la constance et la régularité du pouls, ce qui donne l'impression d'un agencement logique et d'un ordre clair au niveau des textures, en permettant de mieux comprendre la structure harmonique de l'œuvre qui, par moments, devrait être jouée, comme l'indique son auteur dans la partition, d'une manière « très régulière, comme un mécanisme de précision ».

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