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György Vashegyi révèle une messe inconnue de Conti

À la tête de son et de l', le chef hongrois redécouvre la musique religieuse du Florentin Conti, avec ce premier enregistrement mondial de la Missa Sancti Pauli.

était connu comme théorbiste et mandoliniste en Italie, au service des Médicis, puis à la cour des Habsbourg à Vienne, où il devint un compositeur d'opéra apprécié.

Il est étonnant que sa renommée n'ait pas passé le XXe siècle. Après quarante ans d'exploration du répertoire baroque, son nom est une découverte aujourd'hui. Il intéressa pourtant J.S. Bach, lequel toujours curieux de la production de son temps, acheta et copia ses œuvres. On doute toutefois qu'il les fit jouer à Leipzig, par le caractère catholique de sa musique sacrée et où l'opéra était prohibé.

Si la vie de Conti est peu connue, on peut suivre sa carrière exemplaire. Engagé comme théorbiste à la cour des Habsbourg en 1701, il se produisit à Londres en 1707 et fut reçu à la célèbre Accademia Filarmonica de Bologne en 1708. À Vienne, il composa rapidement des opéras et oratorios à succès au point d'être nommé compositeur de la cour en 1713. Il devint l'un des musiciens les mieux rétribués de la capitale et ses trois mariages successifs avec des prima donna en vue augmentèrent sa prospérité.

Composée vraisemblablement en 1715, cette messe pourrait avoir servi de cadre à un service commémoratif à la Schottenkirche, l'église des Écossais à Vienne. Une partition de cette messe conservée à la Bibliothèque Nationale de Saxe à Dresde, dans les collections de a poussé les musicologues à l'attribuer un temps à ce dernier, qui rapporta en effet des partitions viennoises à Dresde.

D'un caractère solennel et sombre, cette messe en sol mineur tend vers le dramatisme comme au début du Gloria. Avec de belles inventions rythmiques, Conti déploie une grande variété de styles allant du stile anticofugué à l'écriture concertante tutti-solo avec une interdépendance des lignes instrumentales et vocales. On y apprécie un foisonnement instrumental dans les diverses séquences comme une partie obbligato virtuose pour les violoncelles et les bassons dans le Laudamus te, Et Resurrexit, un solo de viole de gambe dans le Domine Deusou un solo de basson dans le Benedictus.

Il s'agit d'un des premiers exemples de ce qu'on a appelé « Messe du Credo », par l'emploi répété de l'acclamation Credo, chanté en tutti tout au long du mouvement. Mozart, puis Beethoven reprendront ce procédé.

Fidèle aux recherches musicologiques d'Anna Scholz, intercale une sonate instrumentale, ainsi que le motet Fastos caeli audite (présent dans le manuscrit de Conti) entre le Gloria et le Credo, comme il ajoute l'aria Pie Jesusà la fin de la messe.

Avec son et le , , qui fut assistant de John Eliott Gardiner, a brillé ces dernières années dans le baroque français dont les Grands motets ou Isbé de Mondonville et plusieurs Rameau superbes comme Les fêtes de Polymnie, Naïs ou Les Indes galantes. Il démontre ici sa curiosité vers des univers méconnus et son grand talent, dirigeant de façon dynamique, articulée et jubilatoire un ensemble étoffé de vingt-quatre chanteurs et vingt musiciens, qui gardent intensité et homogénéité.

Une belle découverte à ajouter aux perles du continent baroque.

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