Enregistré par le chœur de l'Abbaye de Westminster en 2005, puis par les Tallis Scholars de Peter Phillips en 2014, The Great Service revient en disque dans une nouvelle version défendue avec justesse par l'Odyssean Ensemble.
Lors de sa découverte en 1922, le Great Service de William Byrd (c. 1540-1623) fut identifié comme « la plus belle des mises en musique a capella de ce Service dans tout le répertoire de la musique liturgique anglaise ». Car en effet, à la différence d'une grande partie de la musique sacrée de cet ardent catholique dans un pays voyant le protestantisme prospérer, le Great Service, probablement composé avant 1606, n'a pas été imprimé du vivant du compositeur. Cette reconstitution musicologique fut donc possible grâce au rassemblement de plusieurs manuscrits de recueils de livres de la cathédrale de Durham. C'est une nouvelle version d'un grand expert de William Byrd, Andrew Johnstone, qu'interprète pour son premier enregistrement discographique l'Odyssean Ensemble. Dommage que la notice accompagnant cet enregistrement ne soit pas traduite au regard de la qualité des informations fournies par ce spécialiste.
Destiné principalement à la chapelle royale, qui l'aurait chanté lors de grandes fêtes liturgiques et durant des occasions officielles au début de la période Stuart, cet ouvrage correspond à un ensemble de six cantiques en langue anglaise destinés aux offices des matines, de la communion et aux vêpres. Les dix voix sont divisées en Decani et Cantoris, soit les deux stalles qui se font face à travers l'allée d'une église anglaise, procédé qui permit à Byrd de largement exploiter les possibilités de dialogues grâce à une écriture imitative, diverses textures contrapuntiques à six, huit et parfois dix voix, voire un style simple avec les deux chœurs à l'unisson comme dans le Kyrie.
Accompagné du jeu subtilement discret de l'organiste Christian Wilson sur un orgue Tudor Goetze & Gwynn reconstitué de l'église Saint Teilo, les chanteurs du Odyssean Ensemble sont à la hauteur de cet ouvrage grandiose. La direction de Colm Carey favorise la clarté des lignes de chaque pupitre pour une parfaite approche du contrepoint si riche de cette musique. La rondeur du son, la variété des couleurs délicatement amenée, l'homogénéité des voix, favorisent la plénitude spirituelle de cette musique. La conviction de tous et l'engagement permanent de chacun déploient avec vigueur la majesté du Magnificat et du Nunc Dimittis. Tout comme l'enregistrement des Tallis Scholars, l'Odyssean Ensemble ponctue l'interprétation de cette grande œuvre par trois hymnes anglais de la même époque : O God, the proud are risen against me ; Fantasia BK 62 et Exalt thyself, O God.