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Montpellier danse : Amala Dianor se noie dans la danse

Annoncé comme l'un des évènements du festival , The Falling Stardust d' confronte hip-hop et danse classique et s'avère être une déception, tant le chorégraphe est sous influence.

n'est pas seulement un magnifique danseur de hip-hop. Formé à 24 ans au CNDC d'Angers, il a travaillé avec des chorégraphes aux univers très différents comme Roland Petit, Farid Berki, Thomas Lebrun, Abou Lagraa et Emmanuel Gat dont il dit qu'il a « bouleversé sa vie ». S'il se glisse aisément dans chacune de ces écritures, il aime par-dessus tout la rencontre avec elles. Pour cette pièce, le chorégraphe a décidé de relever deux défis : créer pour la première fois une pièce de groupe avec neuf danseurs et se confronter à la danse classique, une esthétique qu'il ne connait pas. « Mon souhait, dit-il, est de faire en sorte que le danseur classique se révèle comme un interprète, au lieu de se contenter d'exécuter une partition. » Même s'il est vrai que l'enseignement de la danse classique doit encore s'améliorer, les danseurs apprécieront ! D'autant que nombre de chorégraphes (Forsythe, Preljocaj, Kylian, Malandain mais aussi Edouard Lock…) nous ont largement prouvé qu'un danseur pouvait être classique, virtuose et interprète en même temps.

Une écriture qui ne se trouve pas

Vêtus de costumes noirs dont les formes découpées rappellent ceux portés par des boxeurs, les danseurs sont au nombre de neuf, sept filles et deux garçons, cinq d'entre eux étant issus de la danse classique. Sur une musique électronique qui se contente de marteler des sons, la chorégraphie tente de créer des possibles entre le hip-hop et une danse classique débarrassée de ses oripeaux, les deux étant devenus des matières brutes permettant de composer autrement. La danse est abstraite, s'inscrivant dans le mouvement pur. Et le malaise s'installe au fil du spectacle, dans la mesure où semble jongler avec tout ce qu'il a appris auprès d'autres chorégraphes sans vraiment l'avoir digéré. Il ne réussit pas à proposer une écriture qui soit la sienne.

La chorégraphie est construite sur du « déjà vu » : des marches, des traversées en long et large sur le plateau, des courses, des regards (ceux qui fondent le travail de Gat) mais qui sonnent faux avec des danseurs maniant plus les intentions que l'interprétation. Amala Dianor expérimente de grands pliés soulevés par des spirales du corps, des blocages d'épaules et de genoux, des ondulations du buste entre hip-hop et néo-classique jusqu'à créer des battles emmenés par les jambes tendues, pieds pointés et dos aspirés par le creux du ventre. À de brefs moments, cela fonctionne, mais ne suffit pas.

Alors que les danseurs sont des virtuoses, on les sent bridés et finalement en retrait, derrière l'authenticité que cherche le chorégraphe. Tout semble plaqué : les déplacements en trajectoires, les strates de corps jusqu'à ce travail de masse d'où émergent des danseurs et qui rappelle Un monde en soi d'Abou Lagraa. On a beau chercher l'écriture nouvelle, il n'y en a pas. On a beau chercher la personnalité d'Amala Dianor, on ne la trouve pas. À la fin du spectacle, la musique nous offre un crescendo pour donner la sensation que les danseurs se jettent à corps perdus, ensemble, dans l'espace, avec des cris.

Crédits photographique : © Jeff Rabillon

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