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Le Festival Valloire Baroque sous le signe de Versailles

C'est dans la superbe église Notre-Dame de l'Assomption de Valloire que se termine la dixième édition du Festival Valloire baroque. Consacrée en 1682, lle est caractéristique du baroque savoyard. Devant le magnifique retable de François Rymellin (1673) s'est donné le dernier concert : « La querelle des Te Deum ».

Sur une idée de Laurent Brunner, directeur de Château de Versailles Spectacles, a monté ce programme au nom un peu étrange… Plus encore, le titre du disque, sorti en mars dernier : la guerre des Te Deum ! Cela mérite quelques explications historico-musicales. En 1745, , sous-maître de la Chapelle Royale de Versailles, compose un Te Deum pour célébrer la victoire de Fontenoy. Il va le donner dans la Chapelle Royale mais, problème, l'usage ancien veut que ce soit le Surintendant de la Musique de la Chambre qui dirige l'œuvre. Celui-ci, , se précipite pour mettre les partitions de son propre Te Deum à la place de celles de son… concurrent ! Mais la Reine arrive alors. Plus possible de modifier quoi que ce soit. C'est le Te Deum de Blanchard qui sera joué. La querelle se renouvela plusieurs fois.

Au Festival, point de rivalité entre Te Deum, grâce à Dieu, à et à ses troupes. C'est la trompette de l' et le qui ouvrent le Te Deum de Blanchard. La solennité royale est là tant par les voix que par les instruments. Arrive le haute-contre qui chante Pleni sunt cæli et terra à la française, voix très timbrée avec de beaux aigus. Suit une belle fusion des voix de dessus dans le Tu Rex gloriae. MichikoTakahashi chante avec humilité et beaucoup de sensibilité le Dignare Domine. C'est le chœur qui termine ce premier Te Deum avec du rythme, celui que Roi et Reine, princes et nobles de Versailles ont dû aimer en ce 12 mai 1745.

Point besoin de comparer, le Te Deum de Colin de Blamont est superbement versaillais. Dès l'ouverture, on reconnait la même tonalité de ré majeur. Mais le discours n'est pas organisé de la même manière. On retrouve , sa voix et des vocalises brillantes et sûres dans le Te Deum laudamus. Le chœur est très attentif à la direction de , en particulier dans le tourbillon du Sanctus Dominus Deus Sabaoth. fait preuve d'autorité dans le duo Tu, devicto. Voici le In te Domine speravi qui termine ce Te Deum. De nombreux petits blancs musicaux parsèment la pièce. Pari risqué, pari tenu. Voix et instruments sont en osmose, en rythme, emportés par la direction très animée de Daniel Cuiller. De la belle et bonne musique baroque versaillaise… française.

Crédits photographiques : © Jean-Noël Démard

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