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Arrangements inspirés de Mozart par Didier Castell-Jacomin et le Vienna Chamber Symphony Quintet

Le pianiste français s'associe avec l'ensemble , fondé en 2006, pour faire revivre des transcriptions plus que charmantes d'œuvres de Mozart, dont on s'étonne qu'elles ne soient pas si souvent programmées en concert. 

L'art de la transcription et des arrangements (réductions et orchestrations) connaît depuis quelques années un véritable engouement. Cela prêterait à sourire tant cet “aimable passe-temps” fut prisé jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Bach, déjà, avec les œuvres de compositeurs italiens, ne se priva pas de l'exercice qui devint banal à l'époque de Mozart puis d'une géniale banalité chez bien des pianistes, chefs d'orchestre et compositeurs du siècle suivant.

Les arrangements des deux concertos sont de la main d'Ignaz Lachner (1807-1895). Le Concerto en ut majeur K. 246, le célèbre “Lützow”, est gravé en première mondiale. Lachner transcrivit douze des vingt-sept concertos de Mozart. Ils furent publiés au début des années 1880. Au quatuor traditionnel, s'ajoute une contrebasse qui élargit les couleurs de l'orchestre privé des vents. La première impression est que nous assistons à un récital digne d'un salon de la bourgeoisie de la fin du XIXe siècle. C'est la restitution d'une atmosphère particulière, celle du divertissement au sens noble du terme, légèreté n'étant pas antonyme de profondeur. La seconde impression est la justesse des équilibres sonores : grande présence des micros, ampleur stable de la contrebasse, mise en avant des autres cordes et, légèrement en retrait, le piano, qui ne fut, à l'origine, que pianoforte et dont la prima voce s'en tient au dialogue amoureusement ciselé. La forme concertante mozartienne et la place de l'instrument soliste n'ont rien en commun avec celles de Beethoven (du moins à partir du Concerto n° 3), sans même évoquer l'ère des romantiques.

L'interprétation, en elle-même, revendique une approche moderne, à la fois par le phrasé legato du soliste et le vibrato charnu des cordes. Il était inutile de travestir la nouvelle partition écrite à l'époque de Brahms en lui rendant une originalité classique hors de propos. Le charme opère sans que l'absence des pupitres soit dommageable. Preuve, s'il en était, du remarquable travail de Lachner, du génie de Mozart dont le contrepoint réduit n'est pas altéré, et du jeu attentif des six interprètes. Dans la version de Lachner, le Concerto “Lützow” est finalement assez proche de l'original dont l'accompagnement est modeste. Ménageant la dimension encore “galante” de la partition, mais aussi la confession d'un andante un peu traînant et une harmonie qui offre une atmosphère ambiguë, les interprètes passionnent.

Les arrangements de l'Ouverture ainsi que les airs de La Flûte enchantée (Zu Hilfe, zu Hilfe ; Bei Männer, welche Liebe fühlen ; Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen ; Pa-Pa-Pa-Papageno) sont d'une main inconnue. L'exercice est habile, offrant à la fois l'illusion de la scène lyrique et le souvenir des salons de la grande bourgeoisie. On apprécie plus encore les airs dont la variété des couleurs, les ornements, les imitations de la voix humaine convainquent. Voilà un disque au programme non seulement original, mais interprété aussi avec finesse et élégance.

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