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Le Festival de l’art russe de Deauville, un gala d’étoiles

Pour cette deuxième édition, le Festival d'art russe de Deauville propose un programme de gala, alternant répertoire classique et création contemporaine russe. La venue des étoiles du Bolchoï , et réserve de très jolis moments de danse.

Au cœur de la très chic cité balnéaire de Deauville, dans l'écrin prestigieux du casino Barrière, se cache un théâtre à tentures rouges et colonnes corinthiennes. Cette scène historique, inaugurée en 1912, accueille depuis 2018 un Festival consacré à l'art russe, qui met en avant les relations entre la France et la Russie. C'est à l'époque des Ballets russes de Diaghilev que se forge le lien entre la danse russe et Deauville. Après son succès parisien, la troupe d'avant-garde se produit à Deauville en 1912 où le prodige Nijinsky éblouit l'assistance en dansant le Spectre de la rose. Sous la direction artistique de Sergey Filin, directeur du Bolchoï de 2011 à 2016, le festival présente deux soirées de gala, réunissant des danseurs du Bolchoï, du théâtre Stanislavsky de Moscou et du Mariinsky de Saint-Pétersbourg.

La seconde soirée propose un programme en deux parties, majoritairement consacré à des chorégraphes et compositeurs russes. Se glissent également quelques chorégraphes français comme (Suite en blanc), (La Mégère apprivoisée, ballet créé pour la troupe du Bolchoï), ainsi que le Cubain (Carmen), et l'Espagnol . Aux classiques du répertoire du Bolchoï comme Le Lac des cygnes de Petipa ou les ballets de Yuri Grigorovich, L'Age d'or, Fleur de pierre et Légende d'amour, se mêlent des nouvelles créations des danseurs et chorégraphes Oleg Gabyshev, Sebastian Kloborg, Konstantin Semenov et .
Finalement, une minorité de pas de deux classiques sont au programme. Les étoiles du Bolchoï et interprètent néanmoins le très lyrique « Adage en Blanc » du Lac des cygnes de . Si semble un peu absente de sa variation, excelle dans ce rôle romantique par excellence grâce à sa présence irréelle, son regard rêveur et son attention à sa partenaire.

Les variations de Grigorovich offrent un bel échantillon de l'école russe. Dans Légende d'amour, Natalia Filina offre une danse sensuelle, aux parfums d'Asie. Tatiyana Tkachenko incarne la femme fatale de Fleur de pierre, créature vêtue d'un académique scintillant comme des écailles de poisson. Enfin, l'extrait de L'Age d'or, interprété par le couple (à la vie comme à la scène) formé par et Anna Tikhomirova, montre tout le brio du style de Grigorovich.

Première française, le duo intitulé « Lettre à Eric Bruhn », extrait du Noureev (2017) de Yuri Posokhov, est magnifiquement interprété par et . Les deux danseurs incarnent avec subtilité l'attirance des corps, dans ce duo amoureux qui fonctionne avec des effets de miroirs et de canons. Un joli moment de danse, qui donne envie de voir le ballet dans son intégralité en France.

Fidèle à l'adage, Sergey Filin a gardé le meilleur pour la fin et clôt le spectacle avec un extrait de La Mégère apprivoisée du chorégraphe/directeur des , . Inscrire cette œuvre au programme était une évidence tant son histoire est liée à celle de la troupe. C'est en 2014 que crée, à la demande de Sergey Filin, ce ballet néoclassique pour la célèbre compagnie, et c'est un triomphe. Le superbe duo amoureux, tout en délicatesse, est interprété à merveille par Semyon Chudin, qui a créé le rôle de Lucentio, et Nina Kaptsova. Cette danse fluide, entrelacée de portés où la danseuse s'élève dans les airs dans une valse de tulle, offre un véritable instant de grâce.

Le festival se termine par un final brillant où s'enchainent fouettés, tours à la seconde et manège de jetés qui permettent à l'étoile Semyon Chudin de donner à nouveau la mesure de son talent.

Crédits photographiques : © Andrey Ustinov

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