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Herbert Blomstedt signe une émouvante Symphonie n° 9 de Mahler

S'il s'est jusqu'à présent peu aventuré dans le répertoire mahlérien, le grand signe néanmoins un superbe enregistrement de la Symphonie n° 9 de Mahler, émouvant et profondément humain à la tête de l', dont il est chef honoraire. Un témoignage précieux.

Comme beaucoup de chefs de sa génération centrés sur le répertoire orchestral germanique, , s'il a réalisé des intégrales marquantes des symphonies viennoises du XIXe siècle (Beethoven, Bruckner et Schubert) n'a que peu enregistré Mahler. Seule, sauf erreur, une « Résurrection » assez vite oubliée avec l'orchestre de San Francisco (Decca) avait figuré au catalogue. En revanche, le chef avait gravé des cycles Hindemith et surtout Sibelius et Nielsen essentiels. On est donc d'autant plus heureux de l'entendre aujourd'hui dans l'ultime Symphonie n° 9 de Mahler que son enregistrement avec l'Orchestre de Bamberg est une bonne surprise.

De façon assez prévisible, il rattache l'œuvre à la grande tradition symphonique du siècle romantique plus qu'il n'accentue la modernité de l'écriture orchestrale. Sans la dureté féroce et sarcastique d'un Klemperer, ni l'exaspération narcissique (et géniale) d'un Bernstein, son approche rappelle plus celle de Giulini dans un disque bouleversant. Le laendler second est ainsi plus bonhomme que grotesque et le fameux rondo burleske plus virtuose que grinçant. Ce sont donc tout naturellement les deux vastes mouvements extrêmes sur lesquels porte le plus le poids de cette interprétation intense mais pudique. En particulier, l'Adagio final est tenu de main de maître par cet interprète brucknérien de premier ordre qui laisse les cordes phraser avec une intensité splendide les longues mélodies de cet adieu à la vie qui doit tant au maître de Saint-Florian.

Certes, l'orchestre n'atteint pas le même soyeux des timbres que le Gewandhaus de Leipzig que dirigea avec tant de réussite Blomstedt, mais il possède une pâte sonore homogène et puissante qui sert magnifiquement la conception romantique et épurée du chef. Cet album est à considérer comme le témoignage d'un grand musicien au crépuscule de sa carrière, d'un maître qui n'a jamais beaucoup dirigé Mahler mais qui, comme Giulini ou Karajan avant lui, voit en cette symphonie le chant du cygne d'un certain romantisme germanique et l'adieu à un monde destiné à disparaître pendant le premier conflit mondial.

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