C’est un roman et pourtant cela pourrait être aussi un magnifique outil musicologique, tant Isabelle Duquesnoy connait son sujet, au-delà des simples anecdotes.
Les témoignages avérés se fondent dans le bain intuitif de la fiction, et d’une écriture aussi limpide que possible, la romancière devient littéralement la veuve afin de ressusciter sa mémoire. C’est un portrait de femme saisissant de vérité. Wolfgang et Constance représentent le couple primordial. Ici, comme dans le mythe d’Isis et Osiris, c’est Constance qui relèvera Wolfgang afin de lui redonner vie, gloire et reconnaissance.
Constance protège Mozart. Elle le protège si bien qu’elle en oublie la loge maçonnique qui a offert un tissu social à son mari dès son arrivée à Vienne. Les Frères maçons n’apparaissent qu’au moment de transporter le cadavre pour ensuite ne plus réapparaitre. Isabelle Duquesnoy décide de ne pas interroger Constance à ce sujet, comme si cela relevait de ce qui ne peut être révélé. En tous cas, le vent de l’Europe des Lumières souffle sur Vienne et une page est en train de se tourner dans l’histoire. Constance en incarne l’essence. Son combat de femme, de veuve, face à un patriarcat ronflant de vieil Empire, sera l’œuvre de sa vie et la consécration de son amour.
Visionnaire, pragmatique, organisée, elle refuse la spoliation et négocie avec les éditeurs, rédige une biographie, érige des statues, des places, des rues, un musée, une fondation… C’est ainsi que l’œuvre de Constance permet l’immortalité de Mozart. Cependant, en tant que mère, Constance est confrontée à ses deux fils qui peinent à trouver un sens à leur vie.
Un roman d’une grande beauté, limpide, oserait-on dire comme du Mozart.