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Luxueuse et bien trop sobre “Titan” de Mahler par Mariss Jansons

Cet enregistrement était déjà paru, augmenté d’une “biographie” de Mahler racontée en allemand et en deux CD. Plusieurs acteurs collaborèrent à ce projet original réalisé par Jörg Handstein. Du côté purement musical, le spectacle de l’orchestre de la Radio Bavaroise, l’un des plus virtuoses et typés de la scène internationale, impressionne. Comment expliquer que nous soyons déçus à l’écoute de cette version de la “Titan” ?

Le chef letton a gravé l’œuvre à trois reprises. La première date de 1999 et fut captée avec le Philharmonique d’Oslo (Simax). Le second enregistrement (2006, RCO Live) appartient à la période hollandaise de Jansons, alors à la tête de l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam. Avouons que cette dernière lecture est la plus recommandable des trois. Pourtant, les atouts de la présente interprétation bavaroise ne sont pas négligeables. En effet, l’orchestre est d’une finesse et d’une rugosité à la fois stupéfiantes. C’est l’une des rares formations internationales que l’on reconnaisse généralement en raison du grain des cordes, de la violence expressive de ses attaques. Les pupitres jouent physiquement, “dans” les notes.

De fait, l’attentisme froid de la direction déconcerte dans le premier mouvement car Jansons tempère fortement l’allant comme il le fit déjà à Oslo. Il décortique chaque phrase, exposant la moindre intention. La dimension “Mitteleuropa” de la symphonie s’est évanouie dans une démonstration mécanique et virtuose qui tourne à vide. Que nous sommes loin de Vienne ! Le second mouvement, kräftig bewegt devient une marche bavaroise, assez raide et sans une once d’ironie. Par la suite, le thème du Bruder Martin est admirablement tenu et équilibré tant dans les timbres que dans le tempo. Les interventions successives des bois sont d’une justesse et d’une clarté impeccables. Hélas. La parodie des deux trompettes qui s’apitoient sur leur sort, les rengaines de villages travesties, le bastringue d’une kermesse teintée de musique klezmer et d’élégance viennoise ont été occultées. Le finale est tout aussi efficace et guindé. En regard d’une discographie aussi considérable, on ne peut qu’être frustré.

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