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L’ultime récital Massenet de Sally Silver

Ce disque est le troisième enregistrement de mélodies de Massenet réalisé par et . Ce sera hélas le dernier, la soprano sud-africaine étant décédée le 26 novembre dernier d'une tumeur foudroyante au cerveau, à peine la cinquantaine atteinte. On regrettera longtemps ce qu'auraient pu nous apporter les opus suivants, qui ne verront jamais le jour.

En effet, , probablement très étroitement guidée par , apporte aux fragiles mélodies de Massenet, qu'un rien pourrait dénaturer, ce qui semble une connaissance intime. Son approche musicale est toute en délicatesse et néanmoins pleine de vie. Sa diction française est d'une haute qualité, avec de délicieuses liaisons à peine esquissées, juste comme il se doit. Tout au plus notera-t-on une pointe d'accent sur la redoutable diphtongue  » ui  » qui rend l'ensemble encore plus charmant.

Et cela est fort utile, car parmi les trois cent mélodies environ qu'a pu composer Massenet, on ne connaît pas les raisons qui ont présidé au choix de ces vingt-cinq ci, qui baignent toutes plus ou moins dans la même atmosphère, et cette belle interprétation parvient à passer outre une certaine uniformité des climats. On déconseille cependant l'écoute en continu, qui pourraient engendrer un certain sentiment de monotonie. De même, à part quelques vers de Victor Hugo, revus et corrigés par le compositeur lui-même, Massenet n'a pas choisi d'illustrer des poètes qui sont passés par la suite à la postérité. Les textes sont jolis, jamais ridicules comme ont pu le devenir de nos jours ceux de Catulle Mendès, mais ils sont datés, et facilement oubliables. Ces quelques réflexions n'enlèvent rien au plaisir de découvrir une facette moins connue du talent de Massenet que celle de ses opéras.

À l'occasion de quelques duos, il a été fait appel à la mezzo-soprano , dont la voix se marie idéalement avec celle de . Il lui a également été confié ce qu'on nommera plutôt une curiosité, intitulée  » la dernière lettre de Werther à Charlotte « , qui reprend, puis développe, les mots et la musique dédiés à Charlotte à la fin de l'opéra éponyme, « il faut nous séparer « , mais dans la bouche de Werther. Cela a dû faire fureur dans les salons du XIXᵉ siècle, mais engendre de nos jours une certaine perplexité.

À l'accompagnement, , qui rappelons-le, en compagnie de son épouse Joan Sutherland, grava plusieurs intégrales d'opéra de qui font toujours figure de référence, efface avec talent et modestie son rôle de pianiste au profit de celui de démiurge.

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