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Saint-Jean, une nouvelle passion selon Frédéric Ledroit

Composer une Passion selon Saint-Jean de nos jours peut sembler un défi inaccessible. Et pourtant, , pianiste et organiste, propose une vision puissante et dense. Après avoir composé un Requiem, l'auteur offre ici une nouvelle œuvre qui fera date dans l'expression du drame de la Passion, chemin du tragique vers la lumière.

Se plonger dans cette nouvelle œuvre de relève d'un certain parcours initiatique parfois ardu, dont on infuse peu à peu les principes actifs, répandus dans l'espace tels des parfums acres ou suaves. Le propos est certes des plus graves, le climat dramatique, mais relevant finalement d'une Passion très humaine. C'est ce qui apparaît dans cette musique qui semble directement « sortie du cœur pour allez au cœur », comme l'avait dit Beethoven à propos de sa Missa solemnis. construit sa Passion selon Saint-Jean à la manière d'un poème symphonique rempli d'humanité. Peu à peu, il nous aide à cheminer vers le firmament jusqu'à une poignante prière mariale. Dans un langage qui lui est propre, on reconnaît ici et là l'influence de maîtres allemands et français du XXᵉ siècle, Hindemith ou Poulenc.

Cet enregistrement est celui du concert de création de l'œuvre donné en Allemagne en juillet 2018. Initialement prévue au Luxembourg, c'est finalement à Ludwigshafen que fût donnée en première audition cette Passion avec le concours de cinq solistes vocaux, chœur et orchestre, le tout placé sous la direction solide de .

Le travail du compositeur a demandé trois années de travail en une triple présentation : un poème symphonique pour orgue avec les lectures du texte de la Passion, la Passion proprement dite telle que cet enregistrement la présente, et une réduction où l'orchestre est remplacé par l'orgue. Deux années supplémentaires furent nécessaires pour la réalisation musicale. Le livret de cette Passion est en français et confie de manière unique l'importante partie de l'évangéliste à trois solistes successifs, chanteuses depuis les registres graves aux plus aigus, de l'ombre vers le soleil. L'auteur nous confie qu'il a vécu cette expérience comme une rencontre spirituelle rendue possible par la musique, haute philosophie selon Platon, qui s'est faite alors messagère invisible. Il faut remarquer la qualité générale des interprètes, investis et vivants intensément dans leurs divers rôles. La captation en concert rend pleinement justice acoustiquement à ce discours complexe.

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