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Les cantates italiennes de Graun révélées par Hannah Morrison

Peu connu encore aujourd'hui, fut pourtant l'un des compositeurs les plus emblématiques de la cour du roi Frédéric II de Prusse. Grâce à cette parution, trois des six Cantates italiennes et une Sinfonia lèvent le voile sur ce contemporain de Carl Philipp Emanuel Bach.

Lorsque l'on se penche sur la vie de C.H. Graun, on remarque l'immensité d'une production centrée sur l'opéra, une trentaine de titres, ainsi que de nombreuses œuvres religieuses dont un Te Deum assez prisé encore de nos jours. Quelques œuvres orchestrales complètent son catalogue, construit au fil du temps au service de la cour de Prusse. L'époque détermine un style bien reconnaissable, éclosion du style dit « classique », initié par les fils de Johann Sebastian Bach. Une nouvelle musique voit le jour autour du fameux mouvement « Sturm und drang » (Tempête et passion), prémonition du romantisme, associé au style galant. C'est ce que l'on entend ici dans la Sinfonia de l'opéra Cinna composé à Berlin en 1748. Le discours élancé, enlevé et proche des symphonies berlinoises de K.P.E. Bach est rondement mené par les solistes du .

La cantate italienne prend son essor dans la première moitié du 17° siècle, atteignant son apogée avec Alessandro Scarlatti. George Frideric Handel, par la suite, composa avant son départ pour Londres quelques cantates dans ce style particulier qu'il avait intégré lors de son séjour en Italie. De même que pour ses prédécesseurs illustres, Graun compose ces œuvres non pas pour un large public mais pour la noblesse, la cour. Le petit problème qui est de taille c'est que l'on ne sait pas trop qui a composé ces cantates. Est-ce Carl Heinrich ou son frère Johann Gottlieb ? Tous les deux étant musiciens à la cour, l'incertitude demeure car les sources sont quelque peu brouillées. Peu importe, l'essentiel est de posséder ces textes, élaborés pour chaque œuvre en quatre parties : deux longs aria da capo introduits à chaque fois par un récitatif.

Le style italien, reconnaissable entre tous, est magnifiquement exploité par . La voix est souple, épouse les mélismes de la musique et intègre avec bonheur les ornements. On suivra avec délices les histoires toujours un peu mouvementées des amours d'Apollon et de Dafne, les désespérances de Porcia, épouse de Brutus, assassin de César ou encore quelque épisode de l'Enéide de Virgile. L'ambiance générale reste galante et prestement enlevée par un orchestre léger et précis.

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