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La simplicité de Loïc Touzé et Daniel Linehan au Théâtre de la Bastille

Double soirée intéressante au Théâtre de la Bastille avec le baroque contemporain et ludique de dans Forme simple et la danse intime et proche de dans Body of Work.

Pour cette Forme simple, l'écriture précieuse de explore le vocabulaire baroque avec malice pour mieux s'en affranchir. On aura rarement (voire jamais ?) vu un clavecin sur le plateau du bas du Théâtre de la Bastille. Quinze des trente Variations Goldberg y sont jouées avec délicatesse par et servent de terrain de jeu aux trois interprètes, aux visages maquillés de blanc. Dans une stylisation qui oscille entre japonisme et Grand Siècle, les danseurs tissent avec lenteur leur partition chorégraphique, teintée de pantomime et d'acrobaties. L'écriture est subtile et fine, jouant avec les harmonies et le contrepoint de Bach, mais en prenant son temps. Une très jolie surprise !

Dans Body of work, en deuxième partie de soirée dans la salle du haut, renoue avec la simplicité et l'efficacité de ses premiers solos, avec quelques années en plus. Il aime toujours jouer avec les mots, le corps et les concepts dans ce solo économe en moyens (un micro, un tabouret et une boucle sonore). Utilisant son corps comme mètre étalon, il puise dans ses ressources propres pour construire une partition sonore et corporelle originale. De ce fait, il offre une présence intense au monde, car chaque geste, dans sa précision, recèle une intention. Il inclut les spectateurs, disposés autour de l'espace scénique rectangulaire, en distribuant des baisers. La qualité de sa danse et son impressionnante maîtrise font le reste !

 livre avec Body of work son solo le plus intime, évoquant avec calme et colère de bouleversants souvenir d'enfance par le truchement d'un corps diminué ou augmenté au moyen de ses seuls vêtements. Avec sa langue limpide, Daniel Linehan est un poète qui remonte ou accélère le temps comme un magicien ou un hypnotiseur. Plus mûr, son corps musclé ayant perdu son caractère juvénile, il s'autorise désormais le souvenir et l'introspection.

Crédits photographiques : © Martin Argyroglo (Forme simple), Danny Willems (Body of Work)

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