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Couplage idéal de Tchaïkovski et Arenski par l’Amsterdam Sinfonietta

En plus de former un couplage particulièrement approprié, ces versions de la Sérénade pour cordes en ut majeur de Tchaïkovski et de la Symphonie de chambre en la mineur « À la mémoire de » d' par l' et son chef , peuvent être considérées comme des références, et pour longtemps.

Il est piquant de constater que Tchaïkovski (1840-1893) a ciselé son élégante et délicieuse Sérénade pour cordes en ut majeur op. 48 au même automne 1880 où il composait la tonitruante Ouverture solennelle 1812 op. 49. À ce moment il écrit : « À ma grande surprise, j'ai composé une Sérénade pour orchestre à cordes, en quatre mouvements. Que ce soit parce que c'est ma dernière œuvre ou qu'elle n'est pas mauvaise du tout, je suis très attaché à cette Sérénade. » Elle eut d'emblée un succès qui ne s'est jamais démenti, même si d'aucuns l'accueillirent avec une injuste condescendance alors qu'elle est une des pages les plus harmonieuses et les plus séduisantes de Tchaïkovski, hommage évident et réussi au compositeur qu'il vénérait le plus : Wolfgang Amadeus Mozart. À côté de la célébrissime Valse tenant lieu de deuxième mouvement et confirmant que Tchaïkovski n'est jamais loin du ballet, le Finale incorpore deux chansons folkloriques russes, la première dans l'introduction lente Andante, la seconde dans l'étincelant Allegro con spirito.

Plutôt que l'habituel couplage avec la Sérénade n° 1 pour cordes en mi majeur op. 22 d'Antonín Dvořák, l' et son chef ne pouvaient avoir meilleure idée que de nous proposer cette Symphonie de chambre en la mineur op. 35 « À la mémoire de » d' qui ne parvint jamais à vraiment se libérer de son modèle. Cette partition est en fait une amplification à un orchestre à cordes de son Quatuor à cordes n° 2 pour violon, alto et deux violoncelles op. 35, en trois mouvements, cette formation inusitée pour un quatuor étant justifiée par la volonté d'ainsi créer des couleurs beaucoup plus sombres correspondant à son caractère plutôt tragique. À la demande de son éditeur, Arenski organisa le seul mouvement médian pour orchestre à cordes, lui donnant le titre Variations sur un thème de Tchaïkovski (Antal Doráti et le Philharmonia Hungarica en ont notamment donné une belle version chez Mercury). Le thème en question est  issu de la Légende, n° 5 des Seize Chansons pour Enfants op. 54 de Tchaïkovski, d'après le poème Roses et épines (1857) de l'Américain Richard Henry Stoddard (1825-1903). L' et ont eu l'excellente idée de confier au contrebassiste, compositeur et arrangeur néerlandais la transcription des premier et dernier mouvements, permettant ainsi à l'ensemble du quatuor d'être joué pour la première fois comme « symphonie de chambre » pour orchestre à cordes.

L'utilisation de chants orthodoxes russes accentue l'évidente spiritualité de l'œuvre dont le Finale développe par ailleurs le fameux Thème russe cher à Beethoven dans le Trio de l'Allegretto de son Quatuor à cordes op. 59 n° 2, ou à Moussorgski dans la Scène du couronnement de son opéra Boris Godounov. Même si l'on peut préférer la partition originale plus intime, l'œuvre résultante est superbe et prenante, et le fait qu'il s'agit ici d'une première au disque ne fait qu'en renforcer l'intérêt, outre son adéquation idéale à la Sérénade de Tchaïkovski. Et on ne pouvait rêver d'interprétations plus fines, subtiles et justes, plus ressenties et fouillées en profondeur que celles proposées par l'Amsterdam Sinfonietta et Candida Thompson, vraiment inspirées en l'occurrence. Rien que pour la partition de Tchaïkovski, la concurrence est particulièrement rude, mais les interprètes n'ont absolument rien à redouter : ils se placent d'emblée au sommet.

Dommage que les notices soient seulement en anglais, néerlandais et allemand.

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