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Hommage émouvant de la Radio polonaise à Mieczysław Horszowski

Deux concerts, l'un en 1963 et l'autre en 1984, témoignent de l'art d'un maître du clavier, que les publics ont redécouvert bien tardivement en Europe de l'Ouest. mourut centenaire, donnant son dernier récital à l'âge 99 ans. La clarté et la liberté de ton caractérisent son jeu et la Radio polonaise a été bien inspirée de rééditer ces bandes précieuses.

En écoutant le Concerto en ré mineur de Mozart, l'auditeur admire la fraîcheur et l'assurance de l'artiste. Fraîcheur, parce que face à un orchestre nerveux, capté en 1963, et dont les premiers violons filtrent la moindre digression, le soliste ne se départit pas de son jeu perlé et tranquille. Assurance, parce que rien ne peut contraindre la courbe amoureusement ciselée des phrases de la Romance du Concerto.

Cette clarté et cette élégance se retrouvent dans le récital qu'Horszowski donne en 1984. Il est alors âgé de 92 ans. Quelques baisses de tension émaillent le discours de la Première Partita de Bach, mais le chant est préservé dans sa pureté. Le musicien qu' admirait pour son intégrité musicale, nous touche infiniment dans l'Allemande et la Sarabande. Quelques fausses notes, des tempi un peu fluctuants n'altèrent pas un humour qui ravit dans le Rondeau et le Capriccio. Et plus encore dans le finale de la Sonate en si bémol majeur de Mozart, d'une allégresse… juvénile!

Avec les quatre Mazurkas de Szymanowski (Horszowski créa la Sonate n° 3 de son compatriote), le pianiste libère tout ce que cette musique comporte d'audaces rythmiques et de timbres. Le toucher est “à la Bartok”, s'appuyant sur les sources d'un folklore qui n'enjolive pas les accents rythmiques parfois rudes. La projection du son est splendide.

Plus prudemment jouée, la Sonate n° 3 de Chopin n'évite pas les “sorties de route”. Tant pis si les doigts se perdent dans le finale, car l'interprétation se déploie avec un charme indéniable. C'est un Chopin qui respire tendrement, dans le souvenir de la rêverie passionnée qu'il fut. Les deux “bis”, de Schumann et de Mendelssohn, comme murmurés, émeuvent. En bonus, l'interview captée en 1984 (en polonais) est résumée dans le livret.

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