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Un double anniversaire entre salon et concert par le Concert de la Loge

Ce sont deux partitions rares que a choisies pour inaugurer les célébrations des 250 ans de la naissance d' et de . Deux œuvres nécessitant un effectif peu usité de neuf et sept instruments, à mi-chemin entre la musique de chambre et le genre symphonique, avec une présence remarquable des vents.

Bien que leurs parcours furent différents, Beethoven et Reicha se connaissaient depuis leur jeunesse, ayant joué ensemble de la flûte pour l'un, de l'alto pour l'autre, à l'orchestre du théâtre de Bonn entre 1785 et 1794. Ils se sont retrouvés par la suite à Vienne alors que Reicha poursuivait l'héritage classique, tandis que Beethoven le transcendait et le dépassait largement.

Les trois symphonies de salon de Reicha, composées en 1827 et 1828, n'ont jamais été éditées et les partitions autographes furent retrouvées en 2017 parmi un fonds d'archives donné au département de musique de la Bibliothèque nationale de France par les éditions Jobert. Vraisemblablement destinées aux concerts de la cour de Charles X, on ignore si elles furent jamais jouées. Le musicologue fut ébloui par cette découverte et la lecture des trois symphonies de salon par les musiciens du Concert de la Loge a été vécue par tous comme une création. Ils choisirent d'enregistrer la première en majeur pour deux violons, alto, violoncelle, contrebasse, hautbois, clarinette, basson et cor, qui est la plus théâtrale des trois.

Reicha y propose de subtils dialogues entre cordes et vents, avec de superbes interventions de la clarinette, ici magnifiquement tenue par , avec de belles associations de timbres entre hautbois et alto ou cor et violoncelle et une dominante remarquable du violon solo de . La richesse thématique de l'ouvrage requiert une virtuosité de tous les instants où les instrumentistes du Concert de la Loge brillent merveilleusement. Leurs instruments de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle sonnent de façon très adaptée à la salle de la fondation Singer Polignac, dont l'intimité rappelle celle des salons de la Restauration.

Composé entre 1799 et 1800 pour être publié en 1802, le Septuor pour cordes et vents en mi bémol majeur op. 20 de Beethoven est contemporain de sa Symphonie n° 1 en ut majeur op. 21. D'une facture classique, par son charme et son invention mélodique, il connut rapidement un succès important qui agaça Beethoven par la suite, considérant qu'il contenait « beaucoup d'imagination mais peu d'art ». Dans la lignée de Haydn, par son effectif modeste, il appartient plus au genre du divertissement qu'à la symphonie de chambre. La partie de violon, composée à l'attention d'Ignaz Schuppanzig, qui créa nombre de ses quatuors, est d'une exigeante virtuosité. La clarinette de y fait à nouveau merveille et l'on se régale des interventions du cor très présent, particulièrement dans le finale, de . Comme dans la Symphonie de salon de Reicha, on apprécie vivement la puissance, la verdeur et la pertinence des instruments du Concert de la Loge.

Le label Aparté présente ses disques en d'élégants digipacks avec des livrets d'une belle densité, ici sous les plumes d'Étienne Jardin, et , augmentés d'un texte de Petr Drulák, l'Ambassadeur de la République tchèque en France.

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