- ResMusica - https://www.resmusica.com -

À Varsovie, un programme Borodine, Tchaïkovski et Nielsen

À la Philharmonie de Varsovie, et ne convainquent que partiellement.

La soirée commence avec l'Ouverture du Prince Igor d', donnée brillamment mais dénuée d'ampleur dans les passages lyriques. Puis aborde le Concerto pour piano n° 1 de . Nous avons affaire, de la part du soliste, à une lecture quasiment impeccable techniquement et axée sur la démonstration virtuose. Certes, son jeu est, par instants, empli de finesse, mais il manque tout de même de la profondeur d'un Evgueni Kissin, pour se limiter aux interprètes actuels. Sa prestation exagérément conceptuelle est dépourvue de la mélancolie typiquement « slave », et manque d'entrain dans le deuxième mouvement du concerto, en particulier dans le fragment s'inspirant de la chanson populaire française Il faut s'amuser, danser et rire. On aurait souhaité être davantage galvanisé, la faute à certains phrasés trop longs, les forte pas assez charnus, la pédale droite trop présente. On a l'impression que les changements de tempo proposés par le chef ne sont pas dûment mesurés, principalement dans les ralentandi pour lesquels le mouvement est traînant. En conséquence, la cohérence du fil narratif est brisée. En bis, nous surprend par une interprétation poétique, telle qu'on lui connaît par ses disques, du thème des Geistervariationen de .

Après l'entracte, l' rend justice à la Symphonie n° 5 de . se sent évidemment plus à l'aise dans ce répertoire dont il semble avoir exploré tous les recoins. Nous sommes saisis aussi bien par la façon dont il aborde la dimension verticale de cette partition, avec notamment la précision rythmique et la vigueur qui en résulte, que par la manière dont il présente – au niveau horizontal – le développement de la ligne mélodique, exempte de la sentimentale douceur jalonnant la fameuse lecture signée Leonard Bernstein. Avec cette interprétation ponctuée de crescendos parfaitement menés et électrisants, démontre que cette symphonie est une combinaison habile de deux styles apparemment incompatibles : postromantique et néo-classique. On y entend même des accents faisant penser au Boléro de Ravel. Le maître français a-t-il écouté cette page de Nielsen ?

 Crédit photographique : © site web officiel d'Eric Lu 

(Visited 280 times, 1 visits today)