Avec Iñaki Encina Oyón au piano, Adriana Gonzalez chante des mélodies de Robert Dussaut et de son épouse Hélène Covatti. L'initiative est heureuse, la réalisation très soignée, mais l'émotion ne point pas toujours au-delà de l'esthétisme.
Le disque est présenté par Iñaki Encina Oyón comme un hommage à la pianiste Thérèse Dussaut, sa professeure, et surtout aux parents de celle-ci, Robert Dussaut et Hélène Covatti. Peu connu du public, Robert Dussaut, élève de Widor et de d'Indy, a écrit dans la première moitié du XXᵉ siècle des opéras, des symphonies, de la musique de chambre et même des traités d'acoustique. Son écriture est délibérément néo-classique, et s'inscrit agréablement dans l'héritage de Fauré et de Ravel. Tantôt fine et discrète, tantôt lyrique (des fragments de ses opéras), elle nous donne une belle variété de mélodies sur des poèmes divers, de Musset, Gérardy, Régnier, Maddus. En revanche, celle d'Hélène Covatti est plus discrète, plus intimiste, mais aussi plus touchante (délicieuses Mélodies Grecques).
Le jeu d' Iñaki Encina Oyón est habile à nous charmer, sensible et virtuose, toujours dans le ton juste du poème. Adriana Gonzalez surprend par la beauté et la puissance de sa voix, dont elle sait jouer dans de belles phrases bien nuancées. Mais une voix d'opéra ne réussit pas toujours dans la mélodie… Adriana Gonzalez fait mouche dans les mélismes de « Elégie » ou dans l'opératique « Pater Noster », mais sans réussir à restituer le climat de la plupart des textes, du fait d'une émission monochrome et de l'insuffisance de son articulation. Chaque mélodie devient alors une magnifique pièce pour piano avec accompagnement de voix plantureuse, mais l'accès à la poésie reste fermé, à moins d'une lecture concomitante et concentrée du livret. C'est donc un document de découverte et d'étude qui nous est proposé. Un document intéressant, au demeurant, fort beau et très bien présenté.