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La romance de Valentina Naforniță

Après huit ans de présence auprès de la troupe du Wiener Staatsoper, la soprano sort son premier disque sous son propre nom.

Elle affirme que Mozart est son compositeur favori. Et de sa voix superbe, chargée d'harmoniques, elle rend vocalement certainement un bel hommage au compositeur En particulier dans l'air de Zerlina de Don Giovanni « Vedrai, carino, se sei buonino ». Pleine de promesse, la jeune soprano projette son discours vocal avec une grande luminosité. Elle déborde de jeunesse, d'insolence, de pureté. Sa manière la plus simple d'aborder ce personnage se fond au plus près de l'art du maître de Salzbourg.

En passant à la seconde plage de cet enregistrement, on se réjouit d'avance des couleurs de la voix fruitée et magnifiquement colorée de la jeune femme. Mais dans cet air de Susanna des Nozze di Figaro « Giunse alfin il momento… Deh vieni non tardar » le registre semble moins bien lui convenir. Si les aigus restent enchanteurs, le bas-médium soudain perd les belles harmoniques qu'on lui avait reconnues un peu plus tôt. La voix si brillante se ternit. Le contraste est suffisamment important pour qu'on pense avoir mal entendu l'air précédent. Alors on y retourne et, en le comparant, on n'a plus l'impression de cette heureuse voix fruitée qui nous avait charmée quelques minutes auparavant. Une inconstance qu'on retrouve dans les airs tirés de Idomeneo, et dans une moindre mesure dans le « Ruhe Sanft, mein holdes Leben » de Zaïde, quand bien même on apprécie la joliesse du vibrato. Avec quelques corrections d'ouverture vocale, une meilleure précision dans la projection des consonnes, nul doute que l'opéra comptera une soprano de grande qualité.

Slave d'origine, se montre très convaincante dans les airs de Tchaïkovski et de Dvořák, mais c'est certainement dans les trois mélodies du compositeur moldave Eugen Doga que la soprano s'affirme le mieux. Sur ces musiques mélancoliques, elle exprime un langage musical qui s'accorde parfaitement avec la compréhension profonde du texte. Ces cantilènes romantiques lui permettent de développer sa voix en progression vers les aigus, lui laissant le temps de soigner les autres registres. Elle laisse alors apparaître les grandes qualités d'une voix dont l'agilité doit encore se peaufiner pour appréhender avec plus de conviction le répertoire de l'opéra.

A l'accompagnement, la baguette de la cheffe s'emploie superbement à diriger un tout en retenue et en musicalité exacerbée. Malgré ces réserves, un beau disque, qui révèle une artiste dotée d'un bel instrument vocal auquel quelques légères retouches devraient favoriser l'avènement d'une prometteuse carrière.

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