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Superbes raretés beethovéniennes chantées par Chen Reiss

Premier récital depuis 2013, le nouvel enregistrement de profite de l'année Beethoven pour présenter des pièces rares autour des figures féminines, avec une superbe agilité technique et une attention particulière portée au texte.

Conçu alors que débutait l'apprentissage du rôle de Marzelline pour la version initiale de Leonore donnée cette saison au Wiener Staatsoper, le projet d'un nouvel album intégralement consacré à Beethoven permet à la soprano lyrique de livrer sa superbe palette sur une large étendue du spectre, où l'aigu facile s'allie à l'agilité pour moduler et vocaliser. L'extrait d'ouverture, Fliesse, Wonnezähren, fliesse !, aria de la Cantate pour l'avènement de l'Empereur Leopold II, est à ce titre déjà une brillante démonstration, dans un style encore très emprunt du classicisme de Haydn, voire de relents baroques.

La voix de cette adepte de Mozart et de Haendel s'adapte autant par sa légèreté et son impeccable prosodie au Non turbati, WoO 92a, qui démontre plus d'identité de la part d'un compositeur alors âgé de trente-deux ans, mais encore loin de ses pièces de maturité. Écrit pendant ses années d'apprentissage avec Salieri, l'œuvre utilise un poème italien de Métastase, et donc une langue rare chez Beethoven, que l'on connaît surtout dans le domaine vocal par son unique opéra, ses lieder et son finale de la Neuvième Symphonie écrits en allemand, en plus de messes en latin. Le lyrisme et la technique de s'adapte encore ici idéalement, tout comme l'ensemble qui l'accompagne, l', dirigé en souplesse et en parfaite harmonie avec la soprano par . La petite formation sur diapason classique manque évidemment de densité pour l'air de Fidelio, O wär' ich schon mit dir vereint, mais suffit largement lorsqu'il faut porter les deux superbes numéros de la Klärchen d'Egmont. Il s'accorde tout autant à l'aria n°2 WoO 91, Soll ein Schuh nicht drücken, superbement vécue par Reiss, ou au Primo amore WoO 92, tous deux sans doute écrits pour la soprano Magdalena Willmann, portés, ici, par avec une éclatante vocalité.

La transparence de l'ensemble s'adapte encore à la Romance extraite de la musique de scène de Leonore Prohaska WoO 96, composée en 1815 sur un texte de Duncker, sans toujours représenter le style du dernier Beethoven. Puis, la formation londonienne surpasse, pour la dernière œuvre de l'album, Ah ! Perfido, la version connue sur instruments anciens de Gardiner chez Archiv. À l'inverse d'Elisabeth Schwarzkopf ou des grandes sopranos du XXᵉ, Chen Reiss n'accentue jamais cet autre poème de Métastase, mis en musique par Beethoven en 1796, et y maintient une véritable pureté de la ligne et des vocalises, dans une approche presque baroque de la forme.

Chen Reiss, soprano patiente et pleine de projets

 

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