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Premier volet d’une intégrale de sonates polonaises pour violon par Bartek Nizioł

Le label Kameny a entrepris d'éditer une intégrale de musique polonaise pour violon et piano, en trois volumes. Ce premier volet offre un florilège d'œuvres signées Żeleński, Noskowski, Konopasek, Paderewski, Nowowiejski, Friemann et Perłowski, défendues par le violoniste et le pianiste .

Un monde à découvrir s'ouvre à nous et l'entreprise est audacieuse. Présenter au public ce que la Pologne a produit en matière de musique de chambre pour le duo violon-piano est une première. Le cœur de l'album présente des pages écrites souvent à la charnière des XIXe et XXe siècles. Pas moins de sept compositeurs composent ce premier volet de trois disques. Certains sont connus comme Paderewski, Żeleński, Noskowski ou Nowowiejski, grâce à des enregistrements antérieurs, notamment réalisés par le célèbre violoniste polonais Henryk Szeryng. Il présentait, en effet en 1961, la Sonate pour violon et piano en la mineur op. 13 d', une musique romantique et lyrique. Le discours est virtuose et altier. On retrouvera volontiers ces qualités d'interprétation dans cette nouvelle version, maîtrisée et inspirée par l'âme polonaise. Les compositeurs moins connus sont autant de belles découvertes.

L'éditeur a choisi des interprètes de talent. est né en Pologne en 1974, il mène une carrière internationale remarquée, à maintes reprises, dans nos colonnes mais trop discrète. Artiste de très haut niveau, il a remporté en 1993 le premier prix du Concours international Marguerite-Long-Jacques-Thibaud. À ses côtés, le pianiste , né en 1980, est un partenaire convaincant.

Les deux sonates de Witold Friemann empruntent avec grâce divers thèmes et rythmes de danses propres à la Pologne. La première offre des variations suivies d'un Presto alla mazurka. On reste également subjugué par le discours encore très romantique de la Légende op. 32 de Nowowiejski, une pièce en un seul mouvement. Cependant, la plupart de ces œuvres sont des sonates de forme classique en trois ou quatre mouvements, dont le discours s'écarte résolument de tout avant-gardisme. On retrouvera l'attachement au romantisme slave dans deux autres sonates, celle de Żeleński, composée à Varsovie pour une élève de Chopin, la duchesse Marcelina Czartoryska née Radziwiłł qui avait ouvert un salon de musique à Varsovie, et celle de Noskowski, qui après un long séjour à Berlin conserva diverses inspirations liées à l'Allemagne, pour la plupart beethovéniennes. Le final Prestissimo de sa sonate évoque la danse, une tarentelle « à perdre haleine », où excelle l'art du contrepoint. Écrites à la fin du XIXe siècle, ces pièces demeurent souvent nostalgiques d'un temps passé où le registre grave du violon et son vibrato parfois douloureux touche l'âme au plus profond. Il faut noter également la prestation du pianiste , partenaire idéal à l'écoute de toutes les nuances du soliste et bâtisseur d'une orchestration à part entière, dense et souvent virtuose.

Il est dommage que le mince et succinct livret, en polonais uniquement, n'aide pas vraiment l'approche de ces œuvres. Quoiqu'il en soit, ce coffret, à écouter en entier sur le site sonaty.pl, comble un vide dans la discographie de la musique de chambre polonaise aux XIXet XXe siècles, la suite de ce projet est donc attendue avec intérêt.

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