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Les quintettes à cordes de Beethoven ou le génie dans ses marges

En cette année Beethoven, éditeurs et musiciens n'hésitent pas à se pencher sur les marges de sa production. Il en va ainsi de son unique quintette à cordes, accompagné d'une des transcriptions qu'il a réalisées pour cet ensemble.

Contrairement à Mozart dont l'ensemble des derniers quintettes à cordes constitue un des sommets de son œuvre, Beethoven n'a guère écrit pour cette formation. Encore ne doit-on pas se laisser abuser par le numéro d'opus du Quintette op. 104 qui n'est en fait qu'une transcription du Trio op. 1 n° 3 (l'autre transcription est celle de l'opus 4 tiré de l'opus 103 pour vents, les numéros d'opus sont trompeurs).

Quant à la fugue opus 137, elle n'est pas non plus postérieure aux derniers quatuors, mais composée en 1817 comme l'opus 104 soit dix ans avant la mort du maître et ne dure en tout et pour tout qu'une minute et quarante secondes.
Seul le Quintette op. 29 achevé en 1801, donc entre les six quatuors de l'opus 18 et les Razoumovsky, appartient à la première période de maturité de Beethoven.

On salue l'homogénéité et la profonde musicalité du quintette de musiciens issus de l'orchestre de la WDR qui rendent au Quintette op. 29 sa dimension et la rigueur de sa construction, même si la partition est globalement moins originale que l'opus 18. L'énergie caractéristique et les contrastes dynamiques sont bien là et donnent à l'œuvre son relief. Seule la fugue opus 137 terriblement exigeante pour la justesse de l'ensemble malgré sa brièveté suscite quelques réserves. En revanche et malgré les efforts des musiciens, l'opus 104, que Beethoven avait entrepris après avoir reçu une transcription réalisée sans son accord par un amateur et qu'il jugeait insatisfaisante, sonne toujours moins bien et moins naturellement que l'original pour trio. Les jeux de contrastes entre le clavier et les cordes disparaissent dans cette transcription qui ne peut rivaliser avec l'original.

En cette année Beethoven, il est néanmoins toujours bienvenu de redécouvrir les marges de sa production. Un disque intéressant à retenir pour l'opus 29.

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