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De la sonate en trio au concerto de chambre avec l’ensemble Bradamante

Pour son premier CD, l'ensemble belge Bradamante nous propose un voyage européen autour de la naissance du concerto, dans un programme intitulé « Concerti a quattro ». 

Dans un concerto, un ou plusieurs solistes dialoguent avec un ensemble plus fourni appelé ripieno. À la fin du XVIIe siècle, invente le concerto grosso, où le ripieno se confronte à un groupe soliste. Cette nouvelle forme influença toute l'Europe dès le début du XVIIIe siècle. Le maître du genre en Italie fut bien sûr Vivaldi. Le programme des quatre musiciennes s'ouvre sur le très célèbre Concerto « pour la nuit de Noël » de Corelli, dans une transcription où les flûtes remplacent les violons de l'original. Suit une Chaconne en trio de , élève de . Le concerto suivant, initialement attribué à Haendel, pourrait être de la main de Telemann, mais il est très difficile de départager ces deux hypothèses. Ensuite, un concert de chambre de , le directeur du Concert Spirituel, permet d'entendre un compositeur français trop peu joué ; il se termine par une superbe Chaconne où les instruments dialoguent chacun à leur tour et où Rachel Heymans passe avec facilité du hautbois à la flûte. Retour enfin en Italie, avec un Concerto pour flûte et hautbois de Vivaldi, qui met en valeur la flûte à bec d'Anne-Catherine Gosselé.

Dans le programme de ce disque, les cinq œuvres proposées relèvent de la forme en trio, deux instruments de dessus (flûtes et hautbois) étant accompagnés par une ligne de basse jouée au violoncelle et au clavecin. Il y a, ici, un parti pris des interprètes de donner une plus grande importance à cette troisième voix grave, jouée par un violoncelle, concertant à part égale avec les deux dessus. D'où le choix d'enregistrer de près le violoncelle, ce qui peut parfois déséquilibrer quelque peu l'ensemble. Ce choix serait légitime si le clavecin remplissait pleinement son rôle harmonique de lien entre basse et dessus par une riche réalisation de la basse continue. Or ici, ce liant manque cruellement. Le clavecin de Paule Van den Driessche est joué trop sèchement pour remplir ce rôle indispensable, et on se retrouve avec une balance qui donne trop de place au violoncelle, pourtant parfaitement articulé. Pour appuyer ce choix d'une basse concertante, Leonor Palazzo joue un intéressant violoncelle à cinq cordes, comme les basses de violons de l'orchestre lullyste. Cette formation en trio se révèle toutefois judicieuse dans les deux Chaconnes françaises du programme, mais beaucoup moins dans les concertos italiens. Dommage, parce que les dessus, flûtes à bec et hautbois, déroulent avec une belle musicalité leurs parties respectives, de même que le violoncelle.

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