- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Suites pour violoncelle de Bach par Maïtane Sebastián

La violoncelliste propose une version colorée du célèbre cycle de Bach.

Après leur redécouverte en 1889 par le tout jeune Pablo Casals à Barcelone, presque par hasard parmi de vieux papiers au fond d'une échoppe, il est d'usage d'appeler les Suites pour violoncelle seul de J.S Bach, « l'Himalaya » ou le « Graal » des violoncellistes.

les fréquente dès ses débuts sur l'instrument, fascinée qu'elle était par l'art et la volonté de Pablo Casals. Consciente de l'existence de nombreuses versions, parfois sublimes, il ne s'agit pas pour elle d'en rajouter une, mais d'entrer dans une œuvre intime de Bach, qui n'était pas, au début, destinée à une exécution publique. Cet enregistrement représente pour elle un défi, une envie de ponctuer sa recherche de la sincérité et de la liberté d'expression dans le respect du texte.

En l'absence de source autographe, on dispose de quelques rares copies du XVIIIe siècle, dont la première est de la main d'Anna Magdalena Bach, l'épouse fidèle et dévouée qui lui servit aussi longtemps de copiste. C'est cette partition que a choisi, la considérant comme la plus fidèle à l'esprit du créateur.

Pour être au plus près de l'esprit de cette musique, elle utilise deux instruments : son violoncelle principal fabriqué en 2009 par le luthier , copie de Joseph Guarneri père pour les cinq premières suites, et un violoncelle piccolo italien anonyme du XVIIIe siècle, restauré par le luthier , pour la Suite n° 6, qui requiert cinq cordes. Un instrument dont le naturel des résonances permet d'exprimer toute la joie lumineuse de cette suite.

Avec des préludes en toute liberté se déroulant comme des improvisations, Maïtane Sebastián restitue sa coloration à chacune des six suites, n'oubliant pas leur origine de musique de danse. Cela s'entend dès le prélude de la Suite n° 1 en sol majeur au rythme bien marqué avec pas ou peu de vibrato ou juste comme une légère ornementation. Les Allemandes étalent leur riche complexité, tandis que les Courantes éclatent d'une énergie rayonnante. Les Sarabandes proposent une méditation profonde et les Menuets, Bourrées ou Gavottes selon les suites, déterminent chacune un caractère de la danse, pendant que les Gigues concluent joyeusement chaque partie de ce cycle. Avec son instrumentation, la Suite n° 6 donne un éclairage plus vif à l'ensemble dont la Gigue finale est ici survitaminée.

La prise de son, proche et claire accentue chaque détail, de sorte que l'on entend même la respiration de la violoncelliste au début de la Suite n° 5.

Une interprétation loin d'être engoncée dans une solennelle austérité.

 

(Visited 1 106 times, 1 visits today)