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Vasily Petrenko et le Philharmonique d’Oslo : fin de l’intégrale Strauss

Après deux premiers albums, remarqués par la théâtralité de leurs interprétations, et l'Oslo Philharmonic concluent leur intégrale des œuvres orchestrales de avec la Symphonie alpestre et Mort et transfiguration : un clap de fin dans la juste mesure, entre grandeur et désolation.

En associant la Symphonie alpestre avec Mort et transfiguration, fait montre de la virtuosité de sa direction, en même temps que de l'excellence de la phalange norvégienne qu'il quittera prochainement pour rejoindre le Royal Philharmonic Orchestra de Londres, en succédant à Charles Dutoit. S'abstenant d'une théâtralité excessive, à laquelle ces deux œuvres incitent tout particulièrement, le chef russe reste dans la juste mesure en évitant les écueils d'une grandiloquence outrancière dans la première, tout comme le pathos larmoyant dans la seconde.

Pouvant être considérée comme le dernier poème symphonique de , la Symphonie alpestre n'est, certes pas, la plus heureuse de ses œuvres : le compositeur pousse ici la musique à programme jusqu'à ses ultimes limites en usant d'une orchestration volontiers emphatique et quelque peu kitsch… où la musique malheureusement perd de son mystère. Dès lors fait ce qu'il peut avec ce qu'il a, c'est-à-dire un superbe orchestre… S'il échappe, de justesse, à la bouffissure du discours, il ne peut, toutefois, se soustraire à la fragmentation de la narration, réduite à une succession de saynètes qui fait briller les couleurs et les pupitres de l'orchestre, qui cultive les contrastes dans une théâtralité bien contenue, débordante par instants, mais qui manque singulièrement d'émotion. Si la Nuit inaugurale (Tuba) et le Lever du soleil (Tutti) offrent un contraste saisissant et un crescendo parfaitement mené, les étapes intermédiaires de cette ascension paraissent bien pâles, développant un romantisme un peu facile, volontiers pastoral où se distinguent cordes et vents. Tout en contrastes, Au sommet et Vision opposent la délicatesse et la tendresse de la harpe et du cor anglais à la véhémence excessive de cuivres tonitruants, tandis que les stridences angoissantes de la petite harmonie de Calme avant la tempête annoncent l'Orage d'un fracassant expressionnisme. La Descente, le Soleil couchant, Paix et Nuit permettent de retrouver une sérénité bienvenue dans la belle péroraison orchestrale (orgue et cor solo) baignée d'une émouvante nostalgie que l'on retrouvera plus tard dans les opéras de la maturité.

Climat bien différent et orchestration plus subtile pour Mort et Transfiguration. Après une introduction lugubre et recueillie, Vasily Petrenko, en formidable conteur, prend rapidement la mesure de ce furieux combat contre la mort, alternant dans un parfait équilibre les épisodes de tension et de détente, où s'opposent le lyrisme des cordes et de la petite harmonie aux menaces des cuivres et percussions, avant que la lutte ne s'achève dans un crescendo final solennel, mettant un terme à un bel exercice d'orchestre et de direction.

Ainsi se termine cette intégrale avec ses points forts (théâtralité de l'interprétation, pertinence de la direction et excellence orchestrale) et ses faiblesses (discours souvent fragmenté et absence d'émotion) : des insuffisances à mettre probablement sur le compte d'une musique exagérément descriptive !

 

Vasily Petrenko et le Philharmonique d'Oslo, deuxième volet de l'intégrale straussienne

Vasily Petrenko et le Philharmonique d'Oslo à suivre dans Strauss

 

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