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Bien peu convaincante Symphonie n° 6 de Mahler sous la baguette de Tomáš Netopil

Après une Symphonie n° 9 de Mahler assez terne, le nouveau jalon de la probable intégrale de  ne séduit pas davantage.

Il s'agit du premier enregistrement de la Symphonie n° 6 par les musiciens du Philharmonique d'Essen, dont les aînés assurèrent la création de la partition, le 27 mai 1906. Alma Mahler avoua, que pour la première fois, Mahler avait mal dirigé car il avait « certainement honte de sa propre émotion et craint qu'elle ne le submerge pendant l'exécution ». Ce n'est certainement pas l'émotion qui submerge la présente lecture, bien insipide de . Technicien efficace, le chef tchèque n'a pas vraiment brillé dans sa discographie, depuis ses premiers enregistrements pour Supraphon. Avec le temps, sa personnalité aurait pu s'affirmer davantage, d'autant plus qu'il choisit toujours de graver des monuments du postromantisme.

Dès les premières mesures de l'Allegro energico, on est dérouté par le peu d'engagement de l'orchestre. Pas assez creusée, sans véritable projection, la masse sonore dévoile une absence de conception. Tout étant scrupuleusement écrit dans la musique de Mahler, respecter les indications ne suffit guère. En l'occurrence, les rythmes de marches ne sont pas habités et lorsque la puissance se déploie, elle en devient maladroite. Les baisses de tension succèdent à une démonstration d'énergie vide de sens. Pour donner le change, Nepotil multiplie les digressions sur tels ou tels pupitres, au point que l'œuvre s'apparente à une Symphonie Alpestre « bis ».

Le Scherzo est tout aussi prudemment tenu, sans une once de noirceur et d'une virtuosité impersonnelle. On attend ici que le vulgaire et le sublime, le choral religieux et les stridences d'une fête populaire se superposent. Ce mouvement qui caractérise l'épuisement physique est disséqué en une suite d'épisodes. L'Andante au lyrisme plat, aux bois contemplatifs désagrège la tension amoureuse portée par le thème d'Alma. C'est un décor terne dont on craint qu'il ait peu de chance d'être modifié dans l'immense finale. Celui-ci s'ouvre, a priori, comme un voile déchiré. Ici, nul effort, nulle sensation de libération sonore. Tout pressentiment expressionniste s'est envolé parce que rien n'a été mis en jeu.

On s'interroge sur la nécessité d'un tel disque face à une discographie prodigieuse et dont les jalons parmi les plus marquants demeurent Tennstedt (Warner, 1991), Bernstein (DG, 1988), Haitink (Decca, 1989), Sinopoli (DG, 1986) et Solti (Decca, 1970).

 

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