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Magnifique hommage à Jeanne-Marie Darré, interprète inoubliable de Saint-Saëns

À chaque nouvelle parution discographique des concertos de Camille Saint-Saëns, la critique revient toujours à la référence gravée par . L'éditeur Solstice lui rend un bel hommage avec des gravures de concert dont un fabuleux Concerto n° 2 accompagné avec passion par .

Élève d'Isidore Philipp et de Marguerite Long, (1905-1999) a été l'exemple d'une pianiste dont le jeu toujours très clair et articulé, limitant le recours à la pédale, s'épanouissait particulièrement dans la musique française. Saint-Saëns dont elle joua les cinq concertos en une soirée en 1926 fut avec D'Indy et sa Symphonie cévenole le compositeur auquel elle rendit le plus hommage. Son intégrale des concertos avec Louis Fourestier demeure encore aujourd'hui une incontournable référence. Mais cela ne doit pas nous faire oublier qu'elle côtoya les plus grands compositeurs de son temps, français (outre Saint-Saëns et D'Indy sous la direction de qui elle joua, déjà cités, mais aussi Dukas et Ravel) ou d'autres nationalités, comme notamment Busoni et Dohnányi.

C'est un bel hommage à cette très grande dame que rend aujourd'hui Solstice en exhumant des inédits de l'ORTF conservés par l'INA ainsi que ceux de l'International piano archives, florilège de partitions solistes, chambristes et concertistes de Saint-Saëns. On passera pudiquement sur la Sonate pour violon et piano n° 1 déparée par les sonorités aigres et la justesse défaillante de Denise Soriano pour saluer trois morceaux virtuoses pour piano seul, dont la redoutable toccata qui partage un thème avec le finale du Concerto égyptien, et la rare Sonate pour violoncelle n° 1 qui nous rappelle aussi quel grand maître fut , héros de la Grande Guerre (1892-1964).

Mais évidemment les trois plus célèbres concertos réunis sur l'album en forment le sommet. Le Concerto n° 2 accompagné avec passion par Munch à la tête de son éblouissant Boston Symphony (1962) est une pure merveille d'élégance digitale virtuose flamboyante (et les notes y sont, tandis que dans le Concerto n° 4 gravé par Munch avec Cortot, la flamme était aussi présente mais les notes beaucoup moins…) ; le Concerto n° 4 est un brin en retrait en raison de l'accompagnement trop neutre de , tandis que le fameux Concerto égyptien est un feu d'artifice où le fait feu de tout bois sous la baguette de (1965). On comprend l'enthousiasme que « la grande dame du piano » (dixit Harold Schonberg) avait suscité lors d'une tournée triomphale aux États-Unis en 1962.

Magnifique hommage (et notice d'accompagnement exemplaire et fournie) donc à une immense pianiste, dont on espère découvrir d'autres inédits.

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