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Un salon de musique à Vienne en 1900

Au travers d'œuvres de Korngold, Zemlinsky, Mahler, Berg et Schönberg, ce double album nous dresse le portrait musical élargi de la seconde école de Vienne des années 1900, période charnière où tradition et modernité s'affrontent et se complètent, oscillant, autour de la tonalité, entre passé et nouvelle musique.

Lorgnant vers le passé, le premier disque associe le Trio pour piano et cordes (1909) de Korngold et le Trio pour clarinette, violoncelle et piano (1896) de Zemlinsky, deux œuvres de jeunesse, très romantiques, aux accents fortement brahmsiens. Si le premier, composé à l'âge de 12 ans par un enfant prodige, impressionne par la maîtrise déjà éblouissante de l'écriture, par son opulence mélodique et par son lyrisme exacerbé, contrasté, le second se déploie entre ombre et lumière, alternant élans passionnés et épisodes méditatifs, portés par l'émouvant legato de la clarinette de s'appariant voluptueusement à la douce sonorité du violoncelle de et à la fluidité du piano d', avant que la virtuosité ne reprenne ses droits dans le Finale, sans jamais sacrifier l'expressivité, teintée de quelques intonations folkloriques tziganes.

Image tutélaire de cette époque, bien que n'ayant pas franchi le pas de la tonalité, est présent dans cet album par l'intermédiaire de deux transcriptions pour flûte et piano faites par Ronald Kornfeil en collaboration avec  : Rheinlegendchen (lied extrait du Wunderhorn) et « Oft denk'Ich, Sie sind nur ausgegengen » (extrait des Kindertotenlieder), excellemment interprétées par Pahud, toutes en cantabile et fluidité.

Résolument tourné vers la modernité, le second disque abandonne la tonalité pour aborder aux rives de la nouvelle musique avec la Sonate pour piano (1908) d', sombre et effusive, toute imprégnée d'un sentiment d'urgence parfaitement rendu par le piano d'. Composées en 1913, les Quatre pièces pour clarinette et piano, épurées, décantées, virtuoses et mystérieuses, donnent à l'occasion de faire valoir une technique exemplaire qui n'a d'égal que la justesse de son interprétation qui trouvera son acmé dans le dialogue serré, lyrique et mystérieux de l'Adagio du Kammerkonsert (1925) que Berg dédia à Schönberg et transcrivit pour clarinette (suppléant les 13 instruments à vent de la version initiale), violon et piano en 1935. La Kammersymphonie n° 1 pour 15 instruments (1906) d'Arnold Schönberg clôt en beauté ce remarquable album dans la superbe transcription (1923) pour quintette d'. Une œuvre fascinante qui envoûte par sa tension rythmique et dynamique, par l'entrelacement de ses lignes, par sa richesse en couleurs, par la fusion des timbres et l'équilibre des cinq instruments, comme par la netteté de la mise en place, sa profondeur d'inspiration ou la virtuosité des intervenants. Un album à ne pas manquer !

 

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