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Une flamboyante 9e de Beethoven par Gustavo Dudamel au Teatro Real de Madrid

Malgré de nombreux atermoiements, annulations, changements de programme ou modifications de distribution pour les raisons sanitaires que l'on sait, le message humaniste de Beethoven perdure : à défaut du Fidelio initialement prévu, c'est la Symphonie n° 9, dirigée par à la tête des forces locales, qui ouvre la nouvelle saison au Teatro Real de Madrid. 


Tous les musiciens (à l'exception des instruments à vents), chanteurs du chœur et chef d'orchestre se présentent sur scène masqués ; l'effectif orchestral reste conséquent, mais les instrumentistes respectent les distances de sécurité, chacun disposant de sa propre partition.

Dès l'Allegro initial le chef exploite avec beaucoup d'à propos la réactivité de la phalange madrilène ainsi que la spatialisation nouvelle de l'orchestre pour éviter les effets de masse orchestrale excessive, d'où une lecture qui préfère le mystère et l'« allegria » à une pompeuse solennité, nous livrant une interprétation très théâtrale et colorée, variant à l'envi les climats, toute en nuances et contrastes, se déployant dans une texture étonnamment légère, quasi chambriste, lumineuse, à mille lieues de certaines interprétations allemandes de référence. Le Scherzo plein d'allant et d'allégresse confirme ce parti pris de légèreté en laissant respirer l'orchestre avec une grande impression de liberté, sans sacrifier en rien la rigueur de la mise en place, ni l'excellence des performances solistiques (petite harmonie, cors et timbales). L'Adagio fait la part belle à la sonorité douce et profonde des altos et au cantabile des cordes dans une émouvante cantilène chargée de douleur contemplative, avivée encore par d'irréprochables contrechants de cor. Si le Finale remporte notre totale adhésion par ses performances instrumentales (cordes graves, timbales et cuivres), par son phrasé quasi opératique, dont témoigne le sentiment d'attente entretenu de façon prégnante par , préludant à l'introduction retardée du chœur, les choses se gâtent avec l'entrée en lice du quatuor de solistes annoncée par le célèbre « O Freunde… » extrait de l'Ode à la joie de Schiller, hurlé, plus que chanté, par le baryton José Antonio Lopez. Le ténor et la soprano Susanne Elmark s'inscrivent dans la même veine ; seule la mezzo Aigul Akhmetshina fait valoir un joli timbre dans ses rares interventions. Face à ce quatuor pour le moins chaotique, le chœur de l'Orfeon catalan (qui chante en soulevant le masque !) se montre admirable de bout en bout par la clarté de la polyphonie comme par la ferveur dégagée.

Une interprétation flamboyante et chaleureuse malheureusement pénalisée par un piètre quatuor de solistes.

Crédit photographique : © Geraldo Gomez

 

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