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L’Heure espagnole à Lyon : petite douceur de rentrée

En ce début de saison, la mise en scène de offre avec L'Heure Espagnole de , un opéra joyeux et léger dans une production aboutie.


Même si cette production de L'Heure espagnole a déjà été présentée à la même époque il y a deux ans au sein de la même maison, reconnaissons que par les temps qui courent, l'idée est ingénieuse de la part de l'Opéra de Lyon de la reprogrammer pour le début de cette saison lyrique en tous points singulière. Cinq chanteurs sur le plateau, pas de chœur, un orchestre sur scène au second plan et surtout à bonne distance… Voilà une situation la moins risquée possible pour éviter l'annulation ou autre déconvenue ! Du côté du public, c'est une proposition bienvenue pour faire oublier les multiples obstacles liés à la situation sanitaire : rires et féerie résument parfaitement l'univers de Ravel porté par la belle mise en scène de . Petits et grands s'y retrouvent dans cette vision de cartoons et de films muets des années 20, s'intégrant au patrimoine local de la ville des lumières, la durée de moins d'une heure de ce spectacle facilitant également son accès au plus grand nombre.

Les 300 animations de l'illustrateur vidéaste sont les éléments centraux de cette approche enfantine et enchantée, transformant le vaudeville coquin de l'intrigue de Franc-Nohain en une fable merveilleuse. Les protagonistes vêtus de costumes purs où seuls les oreilles d'animaux sur-dimensionnées les caractérisent, mettent en mouvement une mise en scène particulièrement rythmée. Les entrées et sorties dynamisent l'action au mieux, en utilisant bien à propos un hors-scène visible par tous.

Le second point fort de cette démarche est la minutie apportée au rapport entre la mise en scène et la musique, les effets visuels évoluant avec une précision d'horloger selon les inventivités auditives ravéliennes. Les chanteurs interagissent avec eux, volant ainsi dans une montgolfière ou montant et descendant des escaliers imaginaires. Ce noir et blanc quasi-permanent jouant sur les ombres et la lumière, incluant même de manière ponctuelle l'ensemble de la salle par les jeux de lumières de Christophe Chaupin, renforce l'ambiance magique du spectacle. Cette étonnante sobriété dans un univers épuré et très stylisé apporte un intérêt certain à cette production.


L'Orchestre de l'Opéra de Lyon est visible au second plan du plateau. Sa présence est atténuée par un voile transparent utilisé pour projeter les vidéos permanentes construisant décors et autres effets visuels. Mené par , l'orchestre déploie le raffinement musicale de la partition, tout en exploitant une musicalité lumineuse et pleine de fraîcheur. Agréable dans son rôle d'accompagnateur, la phalange se révèle très efficace pour installer, dès les premières notes, les multiples atmosphères de l'ouvrage.

Dans cet opéra, c'est plus le jeu scénique que la technique vocale qui est mise en avant par Ravel. Avec une diction précise et travaillée, la déclamation est parfaitement maîtrisée par l'ensemble des interprètes. L'équilibre accompli entre (Concepción en chatte), (son amant Gonzalve en lapin), Étienne Duhil de Bénazé (Torquemada en taureau), (Ramiro en souris) et (Don Iñigo Gomez en cochon) est amené par une projection sans faille de chacun.

Un spectacle idéal pour retrouver le chemin de l'Opéra.

Crédits photographiques : © Michel Cavalca

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