A l'Espace Pierre Cardin, Chotto Xenos, adaptation du solo Xenos d'Akram Khan.
Pendant la Première Guerre mondiale, près de 5 millions de soldats de l'empire britannique et de l'espace colonial français se sont battus aux côtés des autres Européens, Américains et Australiens dans les tranchées ou ailleurs. Pour raconter aux plus jeunes cette histoire oubliée, Akram Khan a confié à la metteuse en scène Sue Buckmaster l'adaptation de son solo Xenos.
Pour valoriser le travail chorégraphique, celle-ci utilise dans Chotto Xenos (petit Xenos) des procédés scénographiques simples : une projection vidéo, de vieilles silhouettes sépia sorties d'un album photo, un gramophone magique ou un uniforme animé. Sa manière de raconter et de scénographier l'histoire n'est pas tellement éloignée de celle du plasticien sud-africain William Kentridge, qui utilise photos anciennes et gramophones dans ses films aux silhouettes découpées.
Une corde tient par exemple lieu de bande molletière, de turban ou de porte-cartouches. Le chorégraphe et la metteuse en scène n'hésitent pas non plus à utiliser l'humour ou le burlesque, comme au temps du cinéma muet.
Marchant au pas ou terré dans les tranchées pendant que le canon gronde, le soldat se glisse dans la peau du poilu. La danse est présente et directe, avec une physicalité mêlée de tradition. Le jeune soldat semble pris au piège de la violence qui l'entoure. Parler de la guerre sans faire peur et y insuffler un peu de poésie n'est pas donné à tout le monde.
Le spectacle est intense et émouvant, à l'image de cette terre qui recouvre progressivement la mappemonde et de la flamme qui s'éteint, emportant l'âme du soldat tué – dernière image du spectacle.