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Hommage de Profil à Hans Swarowsky, fameux professeur de direction d’orchestre

Le chef d'orchestre (1899-1975) est encore connu et souvent mentionné pour avoir enseigné à Vienne la direction d'orchestre à toute une génération de maestros célèbres. Mais les disciples ont éclipsé leur maître dont les disques ont disparu des rayons. Profil lui rend hommage.

Plus que comme chef d'orchestre, c'est comme professeur de direction que (1899-1975) a marqué l'histoire de la musique au siècle dernier ; avoir enseigné cet art à des chefs devenus aussi célèbres et prestigieux que Claudio Abbado, Iván et Ádám Fischer, Mariss Jansons, Zubin Mehta ou Giuseppe Sinopoli pour ne citer qu'eux (car il y en a bien d'autres…) demeure en effet un titre de gloire ineffaçable. Seul l'italien Franco Ferrara peut se targuer de tels disciples. Il est heureux que Profil rende aujourd'hui hommage à l'art du chef en tant que tel car la plupart de ses gravure sont disparu des catalogues. Certes il faut passer sur des prises de son médiocres (particulièrement le live de la Symphonie n° 3 de Mahler), sur des orchestres de seconde zone hormis la Philharmonie tchèque ou l'orchestre de l'Opéra de Vienne, voire sur des solistes inégaux, pour se faire une idée de l'esthétique de Swarowsky.

Soyons clairs d'emblée, ce musicien dont Abbado saluait l'intégrité artistique n'avait pas l'étoffe des plus grands chefs de son époque. Formé à la direction d'orchestre auprès de Weingartner, et Clemens Krauss, il fut aussi un proche de Berg et Webern et un ardent défenseur de l'école de Vienne du XXᵉ siècle. Ce coffret révèle un interprète plutôt classique de Haydn, Beethoven ou Schubert avec un goût du jeu sans rubato ou presque, des tempos rigoureux et proches des indications métronomiques notamment de Beethoven, des caractéristiques que retiendra plus tard Harnoncourt qui, en tant que violoncelliste des Wiener Symphoniker, aura souvent joué avec Swarowsky mais avec un génie qui fait défaut à son aîné. On retiendra particulièrement les Concertos n° 21 et n° 27 de Mozart pour l'originale vision de Gulda, à la fois passionnante et déroutante par ses idiosyncrasies. Côté solistes, si alors au sommet de son art (1954) est flamboyant dans le concerto de Mendelssohn, on sera moins conquis par les prestations d'Eduard Mrazek seul dans le Concerto pour piano n° 2 de Brahms ou en compagnie d'Orazio Frugoni dans le n° 1 à deux pianos de Mendelssohn. Reste le grand répertoire post-romantique où l'on attendait Swarowsky ; le résultat est inégal et plutôt décevant. Certes les préludes et ouvertures de Wagner valent pour leur tenue et l'apport de la Philharmonie tchèque, mais le CD au programme inhabituel (suite de la légende de Joseph et scène de valses d'Intermezzo aux côtés de Till l'espiègle et la danse des sept voiles de Salomé) sonne bien prosaïquement tandis que la Symphonie n° 3 de déçoit d'autant plus qu'on en attendait beaucoup. C'est en effet l'audition de cette symphonie sous la baguette de Furtwängler en 1920 qui allait décider Swarowsky à se consacrer à la direction d'orchestre. Mais, desservi par un orchestre bien moyen et peu familier de Mahler, une contralto impossible et placée trop près par la prise de son, l'œuvre ne trouve pas sa vraie dimension. En complément, quelques Lieder encore romantiques de Schoenberg poursuivent la veine mahlérienne tandis que deux pages particulièrement arides de l'immédiat après-deuxième guerre mondiale enregistrées lors de leurs premières exécutions publiques rappellent les vicissitudes de l'histoire.

Enfin, en bonus, un CD dédié à la famille Strauss conclut de façon plus convaincante ce coffret, grâce aussi au soutien de la Philharmonie tchèque et de l'Orchestre de l'opéra de Vienne. Globalement cependant, cet ensemble, déparé par des prises de son et des orchestres souvent médiocres, a plus le mérite de rappeler la personnalité de Swarowsky et son rôle dans l'histoire de la direction d'orchestre que de nous faire redécouvrir un interprète majeur.

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