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Guido Cantelli, un grand talent perdu

Pour le centenaire de la naissance du chef d'orchestre , Warner Classics lui consacre un coffret réunissant ses enregistrements de studio réalisés pour EMI.

Le contenu de cette parution reprend celui de l'album sorti en 2012 par EMI dans le cadre de la série « Icon ». Avec deux différences : le coffret Warner renferme une version alternative de la Symphonie n° 4 « Italienne » de Mendelssohn, gravée en 1951, ainsi que des extraits de sessions d'enregistrement de la Symphonie n° 5 de Beethoven ; puis, il profite de nouveaux repiquages, effectués par Art et Son Studio à partir des meilleures sources disponibles (le coffret EMI offrait, pour la plupart des plages, les reports du label Testament). Une sélection de ces transferts récents a déjà été incluse dans le coffret des soixante-quinze ans du Philharmonia Orchestra (des Mendelssohn, Schumann, Mozart, Brahms, Tchaïkovski, Ravel, Debussy et Dukas… la Clef ResMusica).

Avec son programme présenté dans un ordre chronologique, cette publication laisse pourtant des impressions mitigées. Ce n'est pas en raison de la qualité des interprétations signées Cantelli, celles-ci étant légendaires, bien que variables (des excellents Brahms ou Mendelssohn versus un Franck assez peu convaincant). Le coffret Warner séduit par le luxe de son aspect éditorial (en dépit des erreurs dans les dates de certains enregistrements), mais il agace par ses repiquages imparfaits, pas aussi bons qu'ils le devraient, leur restitution au disque n'est pas idéale, peut-être en raison du pressage. Par exemple, la sonorité dans la Symphonie n° 4 de Schumann est moins bonne dans le coffret qu'en téléchargement haute définition, encore qu'il s'agisse des mêmes transferts Warner, l'édition physique ayant vraisemblablement fait l'objet d'un filtrage supplémentaire, car le son est plus dur, et la sonorité de la scène plus tassée.

En outre, l'autre souci provient de l'inévitable vieillissement des bandes. Ainsi, l'Idylle de Siegfried de Wagner ne dégage plus l'atmosphère dont s'imprègnent les reports de Testament, nettement plus réussis par leur présence et l'émotion qui en résulte. Ici, cette œuvre sonne plutôt de façon étouffée, tout comme la Symphonie n° 1 de Brahms. Par ailleurs, les anciennes éditions d'EMI proposent une sonorité plus agréable à l'oreille pour la Symphonie de Franck, la Symphonie n° 8 « Inachevée » de Schubert, de même qu'Une plaisanterie musicale K. 522 et la Symphonie n° 29 de Mozart. Pour un certain nombre de ces enregistrements sortis maintenant par Warner, on observe des problèmes d'égalisation, avec un excès de bas-médium qui crée un effet de masque.

Parmi les points forts de ce coffret, listons les Debussy et Ravel, ainsi que la Symphonie n° 6 « Pathétique » de Tchaïkovski et la Symphonie n° 4 « Italienne » de Mendelssohn (version de 1955), dont les repiquages permettent de se délecter de la délicatesse du geste du chef italien et de frémir d'émotion dans les climax pleins d'intensité.

Ce nouveau coffret dévolu aux legs discographique de n'est toutefois pas un must have pour tous ceux qui possèdent déjà ses gravures.

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