- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Le festival Musiques démesurées, déconfiné reconfiné

Le confinement a interrompu le de Clermont-Ferrand.


Organiser une nouvelle édition d'un festival est un pari risqué en cette période troublée. Après trois journées autour de la thématique du voyage, explorant les liens entre tradition et contemporanéité, l'équipe du de Clermont-Ferrand travaille désormais à la reprogrammation des autres concerts pour début 2021.

Les premiers « regards croisés » proposaient une fusion franco-chinoise autour d'une commande du festival auprès du parrain de cette 22ᵉ édition, le compositeur . Les deux pianos de deux anciens du conservatoire de la ville où se déroulait ce concert de moins d'une heure, et , débutent par une adaptation des œuvres les plus célèbres de la musique chinoise, Les Amants papillons. Destiné initialement pour un orchestre occidental, ce concerto pour violon utilise malgré cela les techniques chinoises traditionnelles, employant la gamme pentatonique, plusieurs mélodies du folklore national et des motifs mélodiques ou harmoniques caractéristiques.

Ces différentes sections évoquant chacune un épisode de la romance de Liang Shanbo et Zhu Yingtai, les deux pianistes s'harmonisent agréablement dans le duo mélancolique le plus intense de l'œuvre. Les deux instruments s'entrelacent entre de violents accords exprimant jalousie et colère, et de calmes mélodies déployant l'amour et la tendresse. Même si Les Amants papillons semble un choix judicieux au regard de la thématique du festival, le fait de l'interpréter avec deux claviers affaiblit cette musique narrative ou l'instrumentation est initialement employée pour caractériser les deux personnages, le violon solo symbolisant l'héroïne Zhu Yingtai, le violoncelle exprimant les émois de son amant Liang Shanbo.

évolue ensuite en solo pour Duo Ye de Chen Yi composé en 1984. Le piano se concentre durant six minutes sur cette ancienne danse traditionnelle de la province du Guangxi en Chine. En présence du compositeur, Regards croisés II pour piano rend hommage à la compositrice Sophie Lacaze, la directrice du festival, et la compositrice chinoise Suhan Hu. A l'écoute, les références à l'Asie ne sont pas immédiates à l'inverse d'une belle virtuosité et d'un travail d'écriture conséquent sur les résonances.

Le concert se termine à quatre mains par la mise en parallèle de l'onirique Laideronnette, impératrice des Pagodes de , avec La Ronde des pagodes de Wen Deqing. On retrouve ainsi l'équilibre subtil entre la fantaisie et la profondeur du directeur artistique du Shanghai New Music Week, qui s'inspire là encore de la musique folklorique chinoise pour une musique contemporaine particulièrement complexe.

Crédits photographiques : © François Schmitt

(Visited 686 times, 1 visits today)