- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Rafael Payare inaugure son nouveau mandat à la tête de l’Orchestre Symphonique de Montréal

Succédant à Kent Nagano, Rafael Payare deviendra directeur musical désigné de l’Orchestre Symphonique de Montréal en septembre 2021. Ce concert inaugural, convoquant Berlioz et Brahms, laisse entrevoir pour le jeune chef vénézuélien et la phalange canadienne une grande marge de progression.


Déjà invité à diriger l’OSM en 2018 et 2019, Rafael Payare, âgé de 40 ans, corniste de formation, est directement issu du célèbre programme d’éducation musicale, El Sistema de José Antonio Abreu. Auréolé de plusieurs prix internationaux, il a déjà dirigé les plus grandes phalanges internationales avant d’être nommé tout récemment directeur musical de l’OSM pour une durée de cinq ans.

Si l’Ouverture du Carnaval romain d’Hector Berlioz parvient encore à faire illusion par la vaillance de ses thèmes, sa dynamique pleine d’allant, ses contrastes marqués et ses performances solistiques (cor anglais, basson et cuivres), le manque de densité sonore de la phalange canadienne apparaît, hélas, comme une douloureuse évidence dans la Symphonie n° 1 de Brahms. Une constatation probablement en rapport avec l’important espacement ménagé entre les musiciens (Covid oblige…) nuisant fortement à la compacité du son et à la cohésion orchestrale.

Après une introduction quelque peu confuse, scandée par des timbales tonitruantes et mal contenues, le premier mouvement, Allegro, parait déliquescent, errant dans les brumes brahmsiennes, sans caractérisation, sans gravité et sans tension, sur une dynamique peu assurée, tandis que Rafael Payare est à la peine pour fédérer les pupitres, maintenir une ligne directrice et livrer un discours cohérent au sein duquel se dégagent toutefois quelques performances individuelles de qualité comme celle du hautbois ou des violoncelles. L’Andante n’est guère plus convaincant, manquant de lyrisme, déployant des violons à la sonorité rêche qui font contraste avec la rondeur des vents (hautbois, clarinette et cuivres). L’Allegretto est sans doute le mouvement le plus réussi, condensé, pastoral et serein avant le vaste Finale qui retrouve enfin un peu de cohésion, malgré des cordes encore une fois décevantes, porté par un superbe pupitre de cors et des cuivres rutilants, unis dans un crescendo parfaitement amené avant une grandiose péroraison finale concluant de belle manière cette interprétation en demi teinte.

Crédit photographique : Rafael Payare © Antoine Salto

(Visited 677 times, 1 visits today)