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Une nouvelle œuvre profondément poétique de Bernard Foccroulle

Inspirée du Purgatoire de Dante, E vidi quattro stelle, création de , nous plonge dans un univers dramatique soutenu par le dialogue intense de deux voix solistes, un petit groupe d'instruments et l'orgue du Palais des Beaux-Arts à Bruxelles.

Cette composition est une commande liée à l'inauguration de l'orgue monumental de la grande salle Henri Leboeuf du Palais des beaux-arts de Bruxelles, le 18 septembre 2017. Déjà victime d'un incendie en 1967, rendant alors l'orgue muet, ce lieu privilégié de rencontres artistiques à Bruxelles vient d'être victime d'un nouvel incendie ce 18 janvier 2021. Les dernières nouvelles font état de dégâts importants au niveau des toitures et des plafonds ainsi qu'au niveau de l'orgue où les systèmes électroniques de transmission seraient très endommagés suite aux tonnes d'eau déversées par les pompiers. Le présent CD est un témoin d'autant plus précieux qu'il permet de savourer l'acoustique équilibrée et l'instrument unique de cette salle Art Déco.

est un compositeur très inspiré. Depuis longtemps il nous a habitués à des œuvres de grande qualité, souvent pour l'orgue, mais aussi pour les voix et les instruments, avec une originalité et une imagination débordantes. Ici en hommage à son père Charles qui lui avait ouvert l'univers de Dante, l'auteur a choisi des fragments du Purgatoire de Dante, partie centrale de la trilogie. Virgile et le narrateur sortent de l'enfer pour atteindre le paradis. Le chemin est ardu, parsemé de visions et d'ombres tourmentées. Plus tard Dante rencontre Béatrice en des retrouvailles dramatiques. Elle exprime des reproches liés au passé du poète jusqu'à ce que Matelda, belle inconnue, apporte le pardon. Dante peut accéder aux étoiles.

La mise en musique de ce texte s'articule en onze épisodes enchainés suivant le fil de l'action. La voix du narrateur, portée par Nicolay Borchev avance dans une ambiance générale feutrée, tour à tour tourmentée comme une marche difficile, ou plus apaisée dans les moments de rêve. La voix suspendue de la soprano , pure et délicate, apporte un équilibre charmeur. Les instruments eux, tissent une matière sonore tel un décor bariolé, grâce à la harpe très présente, tandis que l'orgue et les instruments à vents (cornet et trombones) se mêlent pour offrir une ossature raffinée à l'ensemble. Le texte en italien présent dans le livret, peut être suivi avantageusement lors de l'audition de l'œuvre pour s'immerger dans l'action.

Dans l'œuvre de , c'est ici Erchoff qui, par la compréhension même de cette musique, donne vie à cet orgue particulier, conçu pour le concert. La sincérité de son approche liée à l'excellence des musiciens qui l'entourent font de cette production une pierre importante dans l'art descriptif des chefs-d'œuvres littéraires du passé. Le langage musical contemporain, plus proche de nos sensibilités modernes offre de nouveaux horizons, subtils et éclairants.

On apprécie particulièrement les qualités acoustiques de cet orgue construit dans les années 30 et restauré après un silence de plus de 50 ans par Georges Westenfelder à partir de 1993, en collaboration avec Bernard Hurvy et les frères Robert. La salle Bozar et ses responsables sont attachés à cet orgue, ainsi que l'organiste Benoit Mernier qui a beaucoup œuvré pour son édification. Suite à l'incendie, il est à espérer un préjudice relatif pour cet endroit emblématique de Bruxelles.

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