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Brillantes musiques de la Renaissance anglaise par le Consort Brouillamini

Avec son album The Woods so Wild, le porte haut le répertoire pour ensemble de flûtes à bec.

Quoique faisant souffler un vent de jeunesse fort réjouissant, les cinq musiciens n'en sont pas à leur coup d'essai, après un premier disque Bach en mai 2018, et plusieurs prix dont le premier remonte à 2012 au festival de Gijón. Cet enregistrement permet d'apprécier un ensemble à l'unité et à la complicité remarquables, sûr de ses choix, capable d'une virtuosité époustouflante comme d'une grande plénitude.

Le programme de ce disque donne à entendre un large choix de pièces des XVIe et XVIIe siècles (l'âge d'or des « consorts » de violes ou de flûtes à bec) adaptées, dès cette époque ou par le lui-même. Dans les variations contrapuntiques et les pièces d'origine liturgique, les flûtistes s'épanouissent dans des entrelacements tantôt étales (comme dans le très beau O Mater Mundi de William Mundy aux flûtes graves), tantôt plus bondissants (comme dans le sémillant The Woods so wild de qui donne son nom à l'album, ou dans le Maske de ). De par leur nature, les pièces de danse sont davantage l'occasion d'apprécier la cohésion de l'ensemble. Il était assez audacieux de commencer le disque par une pavane d' intitulée The image of Melancholy ; pari réussi avec ces cinq grosses minutes profondes et vibrantes, bientôt contrebalancées par trois gaillardes emmenées par une flûte soprano pétillante à souhait. En fin de programme, les œuvres plus tardives de et , une suite pour l'un et une pavane et une chaconne pour l'autre, montrent la permanence du genre tout comme l'enrichissement stylistique apporté par ces compositeurs. Le jeu reste marqué par un haut niveau de cohérence et d'inventivité, mais les instruments sont désormais de facture baroque et non plus renaissance ; le son quelque peu enroué des deux altos Takeyama en bois de rose d'après Bressan peut étonner, mais il n'est pas sans charme. La Chacony en sol mineur finale de Purcell (Z 730), pleine d'une intensité qui rappelle Buxtehude et nombre d'Allemands de l'époque et qui semble annoncer Haendel, est riche de promesses.

En chemin, de savoureux inclassables auront été dégustés, comme les deux pièces The First of the Temple antic et The Second of the Temple antic de , théâtrales et marquées par un humour singulier, rendu par une variété d'articulation étonnante.

Avec l'arrêt du fameux Flanders Recorder Quartet à la fin 2018, on aurait bien du mal à citer aujourd'hui un seul ensemble de flûtes à bec d'envergure internationale. Ce disque montre de toute évidence que le a le niveau pour contribuer à combler ce vide.

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