- ResMusica - https://www.resmusica.com -

La Sinfonia da Requiem de Britten par Mirga Gražinytė-Tyla

Le premier album du British Project de et de son ne propose qu'une unique Sinfonia da Requiem de Britten.

Directrice musicale du depuis 2016, a débuté son partenariat avec Deutsche Grammophon par un album de rares symphonies de Weinberg, puis poursuivi avec une parution autour de sa compatriote lituanienne Raminta Serkšnytė. Elle revient aujourd'hui avec un British Project, encore très vague, mais qui débute par un unique ouvrage de Britten, sur un album exclusivement disponible en téléchargement numérique et streaming.

D'une durée de tout juste vingt minutes, la Sinfonia da Requiem de Britten aurait pu ne représenter qu'une face d'un vinyle 33t à l'époque analogique, un choix surprenant pour justifier l'intégralité d'une première sortie d'un projet discographique prévu sur la longueur. Au moins, l'unicité de l'œuvre permet-elle ici de se concentrer uniquement sur cette première partition orchestrale majeure du compositeur, assez rarement interprétée en dehors du Royaume-Uni. Initiée en 1939, la pièce est dans les mains de Britten lorsqu'il doit répondre à une commande de l'Empire du Japon qui fête ses 2600 ans, à l'aube de leur déclaration de guerre en alliance avec l'Allemagne nazie. Il l'achève rapidement pour respecter son contrat, mais reçoit en retour une lettre dans laquelle il est accusé « d'insulter une puissance amicale en envoyant une œuvre chrétienne là où la chrétienté était apparemment inacceptable« . L'ouvrage sera donc créé à New York en 1941, sous la direction de Sir John Barbirolli.

Ses trois parties, Lacrymosa, Dies Irae et Requiem aeternam rappellent évidemment la liturgie chrétienne, même si la démarche du compositeur ne consiste qu'à en faire une longue lamentation, sans chercher plus loin le pendant religieux. entre donc dans le premier mouvement par des coups mortifères, moins puissants que sous d'autres directions, à l'instar d'Hickox (Chandos), beaucoup plus dur dans son approche, ou de Steuart Bedford (Naxos), qui vient de nous quitter, encore plus glacial. Elle maintient ensuite un climat sombre sans outrance, bien développé par sa formation, notamment les bois. La fin du mouvement met en avant les cuivres, sans exacerber la partition qu'on déjà entendue plus vivace. Le second mouvement, en forme de Danse des Morts selon son jeune auteur de vingt-sept ans à l'époque, montre une direction maîtrisée, sans surplus de couleurs ou d'inventions, comme chez Prévin (EMI) par exemple, tandis que la dernière partie permet une calme résolution finale, répondant au désir du compositeur, dont l'enregistrement (Decca) est aussi à connaître.

Dans la continuité de l'album Weinberg, Mirga Gražinytė-Tyla a la bonne idée de ne pas s'attaquer trop vite à l'enregistrement d'ouvrages multi-référencés. Si la prestation de cette œuvre rare est loin de démériter, et permettra à certains de la découvrir, elle n'apporte rien à la discographie existante.

(Visited 1 285 times, 1 visits today)